Grenoble, laboratoire des gauches et de l’écologie politique?

A Grenoble, Manuel Pavard
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Eric Piolle entouré de ses colistiers, au local de campagne de la liste "Grenoble, une ville pour tous".
Eric Piolle entouré de ses colistiers, au local de campagne de la liste "Grenoble, une ville pour tous". — M. Pavard/Pleins Titres/20 Minutes

 Près de cinquante ans après la victoire du Groupe d’action municipale (GAM) d’Hubert Dubedout, élu maire en 1965, Grenoble va-t-elle redevenir le laboratoire d’une «autre gauche»? Si rien n’est encore fait, le score de l’écologiste Eric Piolle, arrivé en tête au premier tour avec 29,41% des voix, a provoqué un véritable coup de tonnerre dans la capitale des Alpes. Déjouant tous les pronostics, favorables au socialiste Jérôme Safar (deuxième avec 24,31%), la liste EELV-Parti de gauche est aujourd’hui en passe de diriger pour la première fois une grande ville de province.

Une vraie campagne de terrain

Ce lundi, au QG situé dans le centre historique de Grenoble, les militants affichent les cernes hérités d’une courte nuit mais surtout l’espoir de lendemains qui chantent. Les mots revenant le plus souvent ? «Confiance» et «responsabilité». «On va essayer de réparer la confiance perdue des Grenoblois envers les politiques», explique l’écologiste Hakim Sabri. «Ce qui nous anime, c’est d’assumer la responsabilité que les Grenoblois nous ont donnée, ajoute Elisa Martin, du Parti de gauche. On veut redonner du sens à des politiques publiques qui protègent.»

Pour tous, la belle surprise de dimanche est le fruit d’une offre politique différente et d’une vraie campagne de terrain. Lucille Lheureux, adhérente d’EELV, en tire d’ailleurs une anecdote parlante: «En faisant du porte-à-porte, on a sonné chez une femme qui a entrebâillé sa porte. Elle était très méfiante car elle ne croyait plus au vote. On a commencé à discuter et à la fin, elle nous a dit qu’on lui avait redonné envie. Elle a pris mon numéro et m’a appelée ce matin, très émue, pour nous remercier d’être venus chez elle.»

«Grenoble est une ville écolo»

Dans les rues du centre-ville, nombreux avouent leur surprise face aux résultats. «C’est vrai qu’on ne s’y attendait pas, reconnaît Marc, technicien scientifique. On en parlait ce matin entre collègues, tout le monde pensait que le PS gagnerait tranquillement.» Après trois mandats successifs du socialiste Michel Destot, les Grenoblois ont-ils voulu sanctionner l’équipe en place et le gouvernement? «Il y a un peu de ça car les gens veulent du changement», estime Manon, bibliothécaire et électrice écologiste.

Mais la jeune femme loue également la «campagne originale» d’Eric Piolle: «Ils ont fait beaucoup d’actions sur le terrain. Et puis, le PS, l’UMP, on sait ce que c’est, on veut essayer autre chose. Grenoble est une ville de gauche et écolo. Ici, beaucoup de gens font du vélo, de la rando, de la montagne… Forcément, les idées écologistes les touchent particulièrement.»