Municipales à Paris: La recette presque magique de NKM
Transformer une situation plombée en pont en or vers la victoire. C’est cette ambitieuse alchimie que la candidate UMP à la mairie de Paris Nathalie Kosciusko-Morizet a accélérée ce jeudi en présentant les chefs de file UMP dans les vingt arrondissements de Paris (les têtes de listes définitives ne seront connues qu’après les négociations avec le centre). Soit avec un mois d’avance sur le calendrier originel, dans une stratégie de blitzkrieg que NKM avait déjà suivie lors de son annonce précipitée de candidature en février 2013.
Eviter au maximum les dissidences
Le challenge était ambitieux: rajeunir, féminiser, renouveler tout en évitant au maximum les dissidences au sein d’une droite parisienne traditionnellement déchirée. Avec une moyenne d’âge de 47 ans et onze chefs de file féminines, l’objectif semble atteint. Parmi les visages du renouveau, Hélène Delsol, présidente de 31 ans d’une association de riverains, incarnera l’UMP dans le 2e ; à 29 ans, Marie-Laure Harel, benjamine du conseil de Paris, portera le fer contre le maire (PS) du 3e Pierre Aidenbaum qui affiche ses 71 ans; Déborah Pawlik, ancienne collaboratrice de Rama Yade, mènera la bataille, à 32 ans, dans le 10e; Anne-Sophie Souhaité, 32 ans, qui a travaillé avec Nadine Morano, décroche le 13e.
Toutes se présentent dans des arrondissements «difficiles», selon l’euphémisme d’usage. Comme l’indiquait 20 Minutes dès mercredi, six des huit maires d’arrondissement UMP sortants sont reconduits: Jean-François Legaret dans le 1er, Jean-Pierre Lecoq dans le 6e ; Rachida Dati dans le 7e, Philippe Goujon dans le 15e, Claude Goasguen dans le 16e et Brigitte Kuster dans le 17e.
François Lebel persiste à vouloir se présenter sur la liste dans le 8e
Pour ménager les susceptibilités des uns et des autres, NKM a d’ores et déjà promis des places de numéro 2: Bernard Debré dans le 17e qui a mis en scène sa réconciliation avec Brigitte Kuster à grands renforts de bises; Nathalie Fanfant qui revendiquait la tête de liste dans le 20e et qui, elle aussi, a montré qu’elle se rangeait derrière le parachuté Atanase Périfan (déjà élu dans le 17e) à coups de bécots; Franck Margain, ancien candidat à la primaire à qui la place de second dans le 12e derrière la conseillère de Paris Valérie Montandon «va très très bien».
Mais l’équilibre reste précaire. Déjà, dans le 8e arrondissement, le maire sortant François Lebel, mis sur la touche pour des propos jugés homophobes par NKM, prévient: «Je ferai en sorte d’être sur la liste» de son actuelle première adjointe Martine Merigot de Treigny. Sur sa composition, «j’entends bien y mettre mon nez», assure celui qui «ne renie pas» ses propos sur le mariage pour tous. «C’est hors de question», rétorque un proche collaborateur de NKM. Laquelle n’a toujours pas réglé le cas des Tiberi dans le 5e ni celui de la dissidence de Marie-Claire Carrère-Gée dans son propre arrondissement, le 14e. Dans le 15e, la jeune conseillère de Paris Géraldine Poirault-Gauvin menace elle aussi de lancer sa propre candidature. «Comment vouliez-vous qu’elle réagisse? Elle est jeune et bosseuse. On lui dit “tu t’en vas” alors qu’on garde Debré!», tacle un cadre UMP. Le cocktail de NKM pour Paris a encore quelques bulles qui pourraient exploser ou lui donner un petit goût amer.