Alsace : La fermeture d’Heineken est « une erreur stratégique », selon les salariés qui déclenchent une grève
societe À la suite de l’annonce lundi de la fermeture du site de la brasserie historique Heineken à Schiltigheim (Alsace), les salariés sont en grève et dénoncent la relocalisation de leur activité
- Heineken France a annoncé lundi la fermeture du site alsacien de l’Espérance à Schiltigheim (Bas-Rhin) dans les trois ans.
- Ce mardi, les salariés de l’entreprise sont en grève et dénoncent notamment une « erreur stratégique » du groupe qui veut réorganiser la production alsacienne sur ses deux autres sites, à Marseille et à Mons-en-Barœul, dans le Nord.
- A Schiltigheim, 220 emplois sont menacés par cette fermeture annoncée.
L’Espérance en grève. La brasserie du groupe Heineken à Schiltigheim, « capitale de la bière » en Alsace, est à l’arrêt depuis ce mardi matin. Une mobilisation en réaction à « l’annonce brutale » faite lundi de la fermeture prévue dans les trois ans du site bas-rhinois et la menace pesant sur 220 emplois. Un coup de massue pour l’économie locale qui va perdre une nouvelle fois, après Adidas, un de ses capitaines de vaisseau. Heineken France a en effet annoncé le regroupement de sa production de bières sur ses deux autres sites français où 100 millions d’euros vont être investis, à Marseille et à Mons-en-Barœul, dans le nord de la France.
De quoi laisser un goût amer aux salariés alsaciens. « Tous les services présents aujourd’hui se sont mobilisés, même des services administratifs », relève un gréviste. Parmi la cinquantaine d’employés qui manifestent devant le site de l’Espérance, Pascal, présent depuis quarante ans. Dépité, et sans vraiment espoir que la situation change, il s’interroge sur un éventuel repreneur: « Qui veut reprendre un site comme celui-là ? Ça fait des années que l’on a vu ça venir. Il n’y a eu aucun investissement lourd, plus rien. Quand j’ai vu qu’ils allaient construire, là-bas [à Marseille et dans le Nord], des halls de grandes capacités, qui peuvent absorber notre production, j’ai compris. Pour moi, l’annonce de lundi n’était pas une surprise, cela allait arriver tôt ou tard. C’était plutôt de savoir quand elle allait arriver. »
Une production « en grande partie pour l’est » de la France
Dénoncées également par les grévistes, les difficultés d’accès au site, l’arrivée du tram « qui ne va rien arranger avec les logements partout autour », mais aussi et surtout « un choix de l’argent », « juste économique ». Une fermeture annoncée jugée comme « une erreur stratégique », avance Vania Brouillard, représentant syndical FO. « En matière de ratio énergétique, d’écologie, de production… Aujourd’hui, on fait 1,5 million d’hectolitres, l’équivalent de 600 millions de canettes de 25 cl, détaille-t-il. Essentiellement consommé dans l’est de la France, comme le voulait la stratégie de l’entreprise, d’une production locale, de consommation locale… Les faire venir depuis le bout de la France est une aberration écologique, une erreur tout simplement », assure le syndicaliste qui rappelle au passage l’ancrage historique de la brasserie, et des labels d’excellence reçu pour la production sur le site Alsacien.
Pour l’heure, les grévistes comptent bien se mobiliser, alerter les politiques qui « ont déjà vite réagi », mais comptent aussi sur un « soutien populaire, pour aider dans les négociations » « Tout n’est pas fini, on n’est pas battu », assure le syndicaliste.