
Le sprinteur malvoyant Timothée Adolphe rappe son handicap
MUSIQUE L'athlète déficient visuel Timothée Adolphe veut, par le rap et l’humour, rompre avec les a priori sur le handicap.

- Du 16 au 22 novembre se tient la semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap (SEEPH)
- 20 Minutes publie ce lundi 16 novembre un dossier spécial Inclusion consacré à l'insertion des personnes en situation de handicap en entreprise, dont voici un article
« Porter le maillot de l’équipe de France et faire des sons qui ambiancent ». Tels sont les buts de la vie de Timothée Adolphe. Pour ce qui est du premier objectif, il est pour le moins atteint. L’athlète déficient visuel est actuellement champion du monde du 400 m et vice-champion du monde du 100 m. Il détient également le record du monde du 60 m ainsi que ceux d’Europe du 100 et 200 m. Concernant le second objectif, le rêve a mis un peu plus de temps à se réaliser.
« J’écris depuis tout petit, je suis passé des poèmes aux slams, raconte Timothée Adolphe. En 2009, j’étais dans un groupe avec lequel on devait sortir un album, mais deux membres sont partis. Alors, j’ai décidé de partir en solo. A ce jour, j’ai déjà enregistré une soixantaine de titres. » Mais si Timothée est productif en studio [il y enregistre des morceaux depuis 2005], il l’est beaucoup moins sur le plan administratif. Ses créations restent confidentielles. Entre 2016 et 2018, il met de côté la musique pour se concentrer sur le sport. Une période noire pour le guépard blanc qui enchaîne les coups durs et les disqualifications. « Après les blessures, j’ai compris que la musique, que c’était mon équilibre. »
« J’ai transformé mon handicap en une force de caractère »
La machine se met alors en route. De ces déceptions sportives est sorti, l’an passé, son premier titre, « Olympe ». Timothée rappe sur ce parcours semé d’embûches durant lequel il n’a jamais baissé les bras. Rapidement arrivent les morceaux « Kouwi ti blanc » et « La banane ». Dans ce dernier, il raconte sans détour comment petit, il a successivement perdu la vue. « J’ai été stigmatisé, discriminé, mais j’en ai fait un moteur et j’ai transformé mon handicap en une force de caractère ». Et toujours avec la banane.
Le sportif a encore deux morceaux à boucler pour sortir son premier EP de huit titres, dans les prochains jours. Un avant-goût de son album qui devrait sortir après les Jeux olympiques de Tokyo. Et ses projets artistiques ne s’arrêtent pas là. « Par le rap, on peut transmettre certaines choses, mais par l’humour, c’est encore plus efficace, surtout sur un sujet comme le handicap qui souffre d’a priori. » Timothée travaille donc en parallèle sur un one-man-show de 1h15 qu’il espère pouvoir bientôt présenter. Il planche aussi sur un jeu de course sur mobile et PC. Quelle que soit la piste, le guépard est toujours à fond.