InnovationComment Thibault Couturier, tétraplégique, a pu remarcher

Comment Thibault Couturier, tétraplégique, a pu marcher grâce à un exosquelette

InnovationEn 2019, Thibault Couturier, un patient tétraplégique, a pu marcher et bouger ses bras par la pensée grâce à un exosquelette. Retour sur cet exploit made in France
Antoine Coste Dombre

Antoine Coste Dombre

L'essentiel

  • Du 16 au 22 novembre se tient la semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap (SEEPH)
  • 20 Minutes publie ce lundi 16 novembre un dossier spécial Inclusion consacré à l'insertion des personnes en situation de handicap en entreprise, dont voici un article
  • Rendu tétraplégique après un accident de voiture, Thibault Couturier a pu marcher avec l'aide d'un exosquelette qu'il contrôlait par la pensée

Un pas après l’autre, et recommencer. Des gestes simples que Thibault Couturier, 31 ans, ne pouvait plus réaliser depuis une grave chute qui l’a rendu tétraplégique, en 2015. Aujourd’hui, il réussit la prouesse de marcher et de bouger ses bras grâce à un exosquelette qu’il dirige par la pensée. Une première mondiale réalisée dès 2019 avec les équipes de Clinatec, un centre de recherche biomédicale du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Grenoble.

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Après de longs mois passés dans les hôpitaux lyonnais, Thibault découvre le projet d’exosquelette de Clinatec. Une chance qu’il ne laisse pas passer. « J’ai commencé à faire des recherches sur les études et les innovations en rapport à la tétraplégie, se rappelle le jeune homme. C’était hallucinant car, d’habitude, ces projets sont aux Etats-Unis. Celui-ci était à Grenoble, à une heure de chez moi ! » L’aventure pouvait donc commencer.


Environ quatre mois de tests furent nécessaires avant une opération indispensable pour la suite, car l’exosquelette ne fonctionne pas tout seul. Guillaume Charvet, en charge de la gestion du projet Brain computer interface (BCI) de Clinatec, explique le dispositif : « L’idée est de capter l’activité électrique cérébrale via un implant installé à la surface du cortex. » Pas moins de 64 électrodes analysent l’activité cérébrale créée par la volonté du patient de se déplacer, de bouger. « Ces données sont envoyées à un ordinateur, spécialisé dans l’apprentissage automatique, et placé dans le dos de l’exosquelette. L’intelligence artificielle traduit les activités cérébrales en prédiction de mouvements telles qu’imaginées par le patient afin de commander les mouvements directement à l’exosquelette. »

« Je me suis relevé avec ma tête »

Pour contrôler le mécanisme, « Thibault a dû s’entraîner à réaliser des tâches mentales. On lui a demandé d’imaginer marcher comme avant son accident. Un mois après son implantation, on a pu faire les premiers essais. » Deux ans d’exercices, à condition de trois séances hebdomadaires en simulateur à domicile et de multiples tests avec le dispositif, ont ensuite été nécessaires pour maîtriser le mouvement des bras.
« Je me suis relevé avec mes jambes, mais aussi avec ma tête », se réjouit Thibault, qui espère désormais que le prototype débouchera sur un modèle définitivement viable, même si un bras exosquelette sur son fauteuil lui conviendrait afin de « pouvoir commander mon fauteuil électrique, appuyer sur une tablette, attraper un verre, ouvrir et fermer une porte… » Et continuer à avancer, car il ne s’est jamais vraiment arrêté.