
Quel type de relation avoir avec ses collaborateurs?
VIE DE BUREAU Un manager doit savoir instaurer un environnement de travail agréable, sans toutefois confondre convivialité et familiarité...
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«Un humain sans affect, c’est un robot. Ce n’est pas possible». D’après la psychothérapeute du travail Myriam Goffard, difficile de ne pas avoir un minimum d’intimité avec ses subordonnés. Mais où se situe la limite entre amis et collègues de bureau? La réponse de la psychothérapeute: «Suffisamment loin pour rendre le travail agréable et protéger le désir du salarié à son travail. Mais la relation doit être orientée par la dynamique du travail».
On peut donc discuter de la pluie et du beau temps ou de nos projets de fin de semaine, et ces échanges peuvent même se montrer bénéfiques: «Cela peut déboucher sur des idées, les échanges extra-professionnels peuvent être au service de l’entreprise», précise Myriam Goffard. Mais l’essentiel est qu’ils n’aillent pas trop loin dans la sphère intime, prévient-elle.
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«Ne pas confondre convivialité et familiarité»
Il s’agit d’ailleurs du parti pris par Bernard Kara, qui a occupé un poste à responsabilités dans la logistique automobile pendant 5 ans avant de se mettre à son compte et de codiriger deux magasins de fleurs dans Paris: «Notre volonté avec mon associé Stéphane, c’était de constituer un environnement professionnel agréable avec des relations strictement professionnelles», résume-t-il. Son mot d’ordre, catégorique: «Il ne faut pas confondre convivialité et familiarité».
Avec son associé, la situation est différente: «Nous étions déjà amis avant de créer un business ensemble. Notre relation n’a pas changé, mais c’est plutôt atypique. Les autres tentatives que nous avons pu observer au cours de nos vies professionnelles débouchaient plutôt sur des problèmes», confie le gérant. Bernard et Stéphane n’iront donc pas boire un verre avec leurs employés ou alors, «très rarement», commente Bernard.
L’importance du travail relationnel
Paradoxalement, dans un monde professionnel où l’échange est de plus en plus clé et où l’open space devient la norme, il est parfois difficile de garder la bonne distance. D’autant que le travail du chef évolue. «L’importance cruciale du relationnel revient de plus en plus dans le discours des gens», remarque Emmanuel Martin, docteur en sociologie et spécialisé sur les managers de proximité. «Dans un centre d’appel, l’activité est très planifiée. Les chefs d’équipe n’ont en apparence rien d’autre à faire que de la supervision. Mais ils ont un travail relationnel extrêmement difficile: il s’agit de connaître la situation personnelle de celui qui arrive en retard parce qu’il a un problème de famille par exemple», analyse-t-il.
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La balance est donc essentielle d’après Myriam Goffard: «Il faut toujours de l’équilibre, des proportions, des comportements qui restent respectueux et qui favorisent le travail tout en n’étant pas trop rigide». Il s’agit d’un véritable exercice de funambule: au travail, on peut être humain mais pas trop.
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