«Je m’étais mis des barrières»
TEMOIGNAGE – « 20 Minutes », partenaire de Pass pour l’Emploi, donne la parole aux personnes handicapées.
En 1992, Cedric Mocellin, alors âgé de 15 ans, chute en monoski. Il ne marchera plus. Déterminé, alors qu’on avait martelé à son père « pourquoi voulez-vous que votre fils reprenne ses études ? Mieux vaut qu’il reste à la maison », le jeune Savoyard ne baisse pas les bras. Il ira jusqu’à décrocher une place dans un institut universitaire professionnalisé (IUP), branche commerce et vente, option achat. Volontaire, il est encore plus motivé que les valides. « Les stages, je les ai décrochés sans accompagnement. Le handicap c’est moi qui l’ai, c’est donc à moi de l’assumer », explique l’intéressé.
Pas rancunier, il fera même un stage chez Salomon, fabricant de skis. « J’adore le sport donc cette opportunité était un rêve. Et puis, dès l’hôpital, j’avais dit à mes parents que je remontrai sur des skis, ce que j’ai fait 2 ans plus tard ». Il y ajoutera aussi le tennis, la natation, le vélo… A l’heure de trouver un vrai poste, il multiplie les entretiens. « Quand ils me voyaient arriver en fauteuil, les recruteurs avaient peur. Un seul a eu la franchise de me dire que je pourrais créer un mal-être chez les autres employés. Là, je me suis dit que ça allait être dur. »
>>>Retrouvez le témoignage de Jean-Christophe Boutigny, directeur commercial entreprise à la Société Générale, rendu paraplégique après une chute à ski.
Un employé comme un autre
Mais un cabinet de recrutement le contacte pour le département achat d’EDF. « On m’a dit que le processus de recrutement était très long mais j’ai eu un coup de fil trois jours plus tard », se rappelle Cédric Mocellin, invité à une journée d’entretiens. « Très rapidement le handicap a été évoqué. On m’a demandé si je pouvais me déplacer, ce dont j’avais besoin… Ils ont joué cartes sur table. » A la fin de la journée, Cedric prend l’ascenseur pour repartir. « Mon dernier interlocuteur a bloqué l’ascenseur en me disant “Attendez, on va délibérer tout de suite” et j’ai été embauché. »
Il n’a plus quitté l’entreprise. A chaque étape de sa carrière, son handicap est pris en compte. Lorsqu’on lui propose de venir travailler à Paris, et malgré l’intérêt qu’il porte au poste, il freine en arguant que logistiquement c’est compliqué (transports et logements inadaptés…). La réponse est cinglante : « Attendez, ne parlons pas de contraintes mais de solutions. » Il finit donc, avec l’aide de sa hiérarchie, par prendre le poste. « Les barrières que je m’étais imposées seul, l’entreprise les a faites sauter. On a toujours mis tous les moyens logistiques à ma disposition pour que je n’aie à me concentrer que sur mon travail et être un employé comme un autre. »