Budget: Près de 80 % des retraités verraient leur pouvoir d’achat reculer en 2020

PREVISION Selon une étude de l’OFCE publiée jeudi, les principales mesures socio-fiscales adoptées par le gouvernement auraient un impact globalement négatif sur les revenus disponibles de retraités d’ici trois ans…

C.P.
Un couple de retraités assis au bord de la plage à Dinard.
Un couple de retraités assis au bord de la plage à Dinard. — C. Allain / APEI / 20 Minutes

Voilà qui ne devrait pas apaiser la défiance des retraités envers le gouvernement. Quelques jours après la présentation du projet de budget 2019,  la bataille des chiffres continue pour évaluer son impact sur le pouvoir d’achat des Français.

Après avoir remis en cause les gains de 6 milliards d’euros annoncés par le gouvernement, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) enfonce le clou ce jeudi avec une nouvelle étude d’impact centrée sur le pouvoir d’achat des retraités. Selon ses projections, à l’horizon 2020, 79 % des ménages comptant au moins un retraité seraient perdants, avec une perte moyenne de l’ordre de 700 euros par an (contre 400 euros de perte en moyenne pour l’ensemble des retraités).

Calendrier législatif oblige, pour parvenir à ce résultat, l’OFCE s’est concentré sur six mesures adoptées par le gouvernement : « la moindre indexation des pensions de retraite pour 2019 et 2020, la revalorisation de l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), la bascule CSG/cotisations salariés en 2018, la sous-indexation des aides au logement en 2019 et 2020, l’exonération de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages à l’horizon 2020 ainsi que la mesure récente de baisse de la CSG pour « 300 000 retraités » ». En revanche d’autres mesures (nouveau mode de calcul des APL, la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus du capital, la transformation de l’ISF en IFI, chèque énergie, la hausse de la fiscalité écologique ou celle sur le tabac) susceptibles « d’avoir un impact sur le pouvoir d’achat des retraités dans les mois ou années à venir », ont été écartées.

De 62 % à 79 % de perdants à l’horizon 2020

Bien que « non exhaustive », l'étude livre un constat sans appel : dès 2019, l’impact des mesures adoptées par l'exécutif serait globalement négatif sur les foyers comptant un retraité et la part des perdants ne ferait que croître durant les deux prochaines années, passant de 62 % en 2018 à 79 % à l’horizon 2020.

Dans le détail, dès 2018, l’impact « globalement neutre » de ces mesures socio-fiscales (- 20 euros de perte de pouvoir d’achat en moyenne) masquerait en réalité de grandes disparités : « alors que 38 % de ces ménages gagneraient globalement à leur mise en place, pour un gain moyen de l’ordre de 470 euros, 62 % perdraient à leur mise en place pour une perte moyenne de l’ordre de 320 euros par an », note l’OFCE.

En 2019, la situation tendrait à se dégrader sous l’effet de l’entrée en vigueur de la « sous-indexation des pensions de retraite », avec 73 % de perdants et une perte moyenne de 200 euros par an. « Des ménages continueraient tout de même à être "bénéficiaires nets" des mesures, notamment sous l’effet de la montée en charge de l’exonération de la taxe d’habitation et des revalorisations de l’ASPA », note l’OFCE.

Les foyers les plus modestes épargnés

Enfin, en 2020, ce sont 79 % de ces ménages qui seraient perdants « pour une perte moyenne de l’ordre de 700 euros par an ». «A l’inverse, l’exonération totale de taxe d’habitation et les revalorisations successives de l’ASPA [+ 30 euros en avril 2018, + 35 euros en janvier 2019, + 35 euros en janvier 2020] permettraient à 21 % des ménages étudiés de voir leur revenu disponible s’accroître en moyenne de 700 euros», rapporte l'observatoire.

Fait intéressant, l’étude souligne également l’effet différencié des six mesures retenues en fonction du niveau de vie des ménage : ainsi « les 10 % de ménages retraités les plus modestes sont les seuls à percevoir un gain (en moyenne de 230 euros par an) à la mise en place des mesures. Les 10 % de ménages les plus aisés comptant au moins une personne retraitée accusent quant à eux une perte moyenne de l’ordre de 1 270 euros ». Reste que « ces résultats n’intégrant ni les mesures réformant la fiscalité du capital (PFU, ISF) ni celles renforçant la fiscalité indirecte, aux effets anti-redistributifs largement étudiés, ils peuvent être en partie relativisés », note l’OFCE.