Emplois d'avenir: Un coût sous-évalué pour les finances publiques

SOCIAL Si l'Etat estime à 1,5 milliard d'euros annuels le coût des emplois d'avenir, le montant pourrait être plus conséquent pour les finances publiques de la France...

Céline Boff
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Michel Sapin, ministre du Travail, lors de la conférence de presse sur les emplois d'avenir.
Michel Sapin, ministre du Travail, lors de la conférence de presse sur les emplois d'avenir. — REVELLI-BEAUMONT/SIPA

C’est désormais officiel: le gouvernement créera bien 150.000 emplois d’avenir. 100.000 en 2013 et 50.000 en 2014.

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Réservés aux jeunes de moins de 25 ans sans qualification et résidant dans les quartiers défavorisés ou les zones rurales enclavées, ces contrats seront, selon les mots de Michel Sapin, ministre du Travail, «quasi-exclusivement destinés» au secteur public (collectivités locales, hôpitaux, maisons de retraite, etc.) et au secteur non marchand (associations, économie sociale et solidaire). 

Concrètement, l’Etat financera 75% du montant brut de la rémunération du jeune et ce, pendant trois ans. Ce qui lui permet d’estimer le coût de cette mesure, en rythme de croisière, à 1,5 milliard d’euros par an.

150 à 375 millions d’euros supplémentaires

Le montant pourrait toutefois être plus conséquent pour les finances publiques de la France. «Si les emplois sont principalement destinés au secteur public, le quart de salaire restant à financer sera réglé par les collectivités… Le coût total sera donc de presque 100% pour les administrations publiques au sens de Maastricht», avance Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

La facture pourrait ainsi grimper de 150 à 375 millions d’euros. Rappelons que les trois centimes de taxes sur les carburants auxquelles le gouvernement renonce dans le but de faire baisser pendant trois mois les prix à la pompe représente pour ses propres caisses un manque à gagner d’environ 300 millions d’euros.

Le ciblage limite les effets d’aubaine

Reste à savoir quels seront les effets de cette mesure à moyen terme. Comme le rappelle Mathieu Plane, «le vrai vecteur de la création d’emploi, c’est la croissance. En son absence, seul un traitement social du chômage peut être mis en œuvre». Sans être la panacée, le traitement du docteur Michel Sapin est-il le bon? Pour Mathieu Plane, la réponse est oui, et ce, pour deux raisons. 

D’abord, parce que ces emplois sont ciblés pour une population précise. Ensuite, parce qu’ils sont destinés au secteur public. «Ce qui limite les effets d’aubaine (comprenez les emplois qui auraient été créés même en l’absence de subvention). Ils sont évalués à 20% dans le secteur non marchand, contre 80% dans le privé», assure Mathieu Plane. Résultat: selon l’expert, «à l’horizon 2014, nous pouvons espérer que cette mesure créera effectivement plus de 100.000 emplois».