Sommet européen: L'euphorie des marchés va-t-elle durer?

EUROPE Bien qu'échaudés par une vingtaine de sommets «cruciaux» depuis 2010, les investisseurs pourraient cette fois-ci être durablement rassurés...

Claire Planchard
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 A la bourse de Francfort, vendredi 29 juin 2012.
 A la bourse de Francfort, vendredi 29 juin 2012. — Alex Domanski / Reuters

 «Un sommet de la nouvelle chance, et non de la dernière chance.» Fabrice Cousté, directeur général de CMC Markets, veut y croire ce vendredi à l’issue du Conseil européen. 

«Avant le sommet, on a eu une séance très difficile comme à chaque rendez-vous parce que les investisseurs avaient peur d’un nouvel effet ‘gueule de bois’ si la réunion accouchait à nouveau d’une souris, mais on a eu au contraire de vraies avancées tant sur le fond que sur la forme, qui ouvrent la porte à des mesures de plus grande ampleur. Pour résumer: l’Europe est passée de la réactivité à la proactivité en prévoyant des mécanismes pour agir sur le prochain domino de la crise, l’Italie», explique le spécialiste.

Parmi les principales surprises de l'accord intervenu cette nuit entre les 17 Etats de la zone euro, la possibilité pour le futur Mécanisme européen de stabilité (MES) de participer directement à la recapitalisation des banques sans passer par les Etats.

Les dirigeants ont également levé une grande partie des inquiétudes des investisseurs sur le plan de soutien aux banques espagnoles en assurant que le passage du FESF au MES à partir de juillet ne changerait pas le statut de la dette détenue par ce dernier. Pour faire simple, le MES renoncera à son statut de créancier privilégié quand il reprendra le prêt à l'Espagne du FESF, qui lui n'a pas le statut de créancier senior. Les investisseurs privés ne seront pas relégués comme préteurs de second rang.

Satisfaction unanime sur les marchés

Cette mobilisation générale a été saluée immédiatement par les investisseurs ce vendredi. Dès cette nuit, sur le marché des devises avec une formidable remontée de l’euro face au dollar, puis dans la matinée à l’ouverture des places boursières de toute l’Europe. Une tendance à la hausse qui s’accentuait dans l’après-midi, valeurs bancaires en tête, alors que les marchés américains ouvraient aussi en nette hausse. 

Mais le principal signe du succès est la détente observée sur les taux d’emprunt de l’Italie et de l’Espagne à l’annonce de ces mesures. «Si la baisse des taux est durable, ce sera le véritable curseur de la réussite de ce sommet», analyse Fabrice Cousté.

Les analystes d’IG Markets affichaient également leur confiance vendredi après-midi: «Ce signal fort envoyé par la zone euro se traduit pas un retour de la confiance et de la visibilité de la part des investisseurs. Nous en concluons que cette tendance sera probablement confirmée au cours des prochaines séances», écrivent-ils dans une note d’analyse. 

Rompre le cycle de l’euphorie à la désillusion

Ce serait une première. Une étude de Barclays, portant sur les 18 sommets européens organisés depuis 2010, montre en effet que l’euphorie des marchés a toujours été de courte durée, avec une rechute systématique observée environ un jour après la réunion quand les investisseurs commencent à s’interroger sur les détails des mesures et les modalités de leur mise en œuvre. 

Les experts de Commerzbank restent ainsi plutôt circonspects: «La surprise vient de l'utilisation immédiate du FESF/MES dont l'objectif est de maîtriser l'évolution des taux espagnols et italiens», relèvent-ils, ajoutant que «peu de détails sont pour l'instant connus». Le risque d’une nouvelle déception n’est donc pas tout à fait écarté.