SocGen, Crédit Agricole, BNP Paribas dégradées: Quels impacts pour les clients?
BANQUES Moody's vient de punir 15 établissements financiers dont trois français...
Le couperet est tombé. Moody’s a abaissé, jeudi soir, de deux crans la note du Crédit Agricole SA, de BNP Paribas, et d'un seul celle de Société Générale. Les trois établissements ont désormais la note «A2» avec une perspective stable pour les deux derniers et négative pour le premier. Petite consolation, 12 autres banques internationales ont également été dégradées par l’agence de notation. L’ensemble de ces nouvelles notes sont censées mieux refléter la volatilité et le risque de pertes importantes liés à leur exposition sur les marchés mondiaux.
Quelles sont les conséquences de cette dégradation?
En toute logique, le taux d’intérêt auquel la Société générale, le Crédit Agricole et BNP Paribas vont emprunter de l’argent sera légèrement plus élevé. Le marché interbancaire déjà passablement grippé pourrait bien se tendre encore un peu plus. Inquiètes, les banques hésitent plus que jamais à prêter des liquidités à leurs consœurs. Heureusement, elles peuvent toujours venir se refinancer auprès de la Banque Centrale Européenne. L’institution de Francfort a injecté plus de 1.000 milliards d’euros de liquidités depuis décembre dernier pour éviter une contraction du crédit à l’économie.
Une politique qui devrait permettre aux clients des banques françaises dégradées d’échapper à une hausse du taux de crédit. En revanche, la décision de Moody’s ne va pas inciter ces dernières à être plus généreuses dans l’octroi de crédit aux particuliers. «Elles vont chercher à renforcer leurs fonds propres», signale Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants.
Quid des actions?
Déjà plombés depuis le début de la crise de la dette, ce nouveau coup de canif de Moody’s ne va pas faire les affaires des petits épargnants. «Les titres vont rester très spéculatifs», estime Philippe Crevel. Depuis un an, le titre du Crédit Agricole a perdu plus de 60%. A travers sa filiale Empokori, la banque verte est la plus exposée à la Grèce. Rien qu’au premier trimestre 2012, elle a eu un impact financier négatif de 905 millions d’euros sur le résultat net de sa maison-mère. BNP Paribas n’est pas en reste. Son action a fondu de 45% au cours des 12 derniers mois et celle de la Société générale de 54%. Au-delà de l’endettement des Etats européens qui pénalise les institutions financières, elles pâtissent, selon Philippe Crevel de l’incertitude sur la politique que va mener le nouveau gouvernement et du doublement du plafond du livret A. En effet, cette promesse du président Hollande risque de drainer beaucoup de liquidités des banques vers la Caisse de dépôt qui centralise les milliards du placement préféré des Français.
Les banques françaises sont-elles solides?
Oui, répond Philippe Crevel. Malgré tout, elles se sortent relativement bien de la crise et elles ne souffrent comme leurs consœurs espagnoles qui auraient besoin d’au moins 62 milliards d’euros pour garder la tête hors de l’eau. De plus, elles ont su moderniser leur activité de banques de détail et développer des services ce qui leur assurent une assise solide. «Il n’y a pas d’inquiétude à avoir, cette dégradation ne change pas la face du monde bancaire», conclut Philippe Crevel.