Free Mobile: Niel épingle ses concurrents pour justifier les problèmes du secteur

TELEPHONIE Pour le patron de Free, les dividendes distribués par ses concurrents sont davantage responsables de l’érosion de l'emploi et de l'investissement que l'arrivée du quatrième opérateur sur le marché...

Bertrand de Volontat
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Xavier Niel, le patron de Free, a l'ambition de réduire de moitié la facture mobile des ménages.
Xavier Niel, le patron de Free, a l'ambition de réduire de moitié la facture mobile des ménages. — WITT / SIPA

Depuis six mois que la bataille du mobile est lancée en France, la balle ne cesse de changer de camp. Et Xavier Niel, fondateur de Free, a décidé de frapper fort ce vendredi pour défendre sa jeune branche. Dans une tribune libre titrée «Free Mobile: Mythes et réalités», dans Les Echos, il attaque les détracteurs de Free Mobile. Exercice de style qui semble bien lui réussir. Il juge «simpliste» la considération selon laquelle la baisse des prix entraînerait une diminution de l'emploi et de l'investissement dans les télécoms.

«Un oligopole est rarement vertueux»

«Même avec Free Mobile, les trois opérateurs historiques vont demeurer très prospères», lance, sans l’ombre d’un doute, Xavier Niel. Cette concurrence, il n’est pas le seul à l’avoir demandé puisqu’«à peu près toutes les institutions à même d'avoir un avis éclairé sur le sujet se sont montrées favorables à l'attribution d'une quatrième licence: l'Autorité de la concurrence, l'Arcep, la Commission Européenne, l'OCDE, la Commission Attali, les associations de consommateurs».

«Un oligopole est rarement vertueux», poursuit-il. Pour preuve, entre 1998 à 2012, le forfait illimité est passé de 180 à 25 euros. Niel parle ainsi «des offres commerciales parmi les plus chères et les plus complexes d'Europe». L'emploi et l'investissement ne sont, pour lui, que des préoccupations de second rang, bien loin derrière la maximisation de la rente. «La concurrence, raisonnablement régulée, me paraît seule à même de concilier respect du consommateur et préservation de l'intérêt général et des grands équilibres», détaille Xavier Niel, qui s’attarde sur deux points: l’emploi et les dividendes de ses concurrents.

La question de l'emploi n'a rien à voir avec Free Mobile

Le dirigeant note que le nombre d’emplois dans le secteur a baissé, passant de 156.000 postes en 1998 à 124.000 en 2009, avant de se redresser légèrement. «Effet de la quatrième licence?» s'interroge-t-il. Quant à l'installation de centres d'appels offshore, cela a été lancé «il y a bien longtemps et n'est donc en rien un effet de la récente concurrence», poursuit-il. De plus, Free a recruté plus de 1.500 personnes en un an pour son activité mobile, auxquels s'ajoutent les nombreux emplois indirects.

Les dividendes pointés du doigt

Xavier Niel s’interroge enfin sur le ratio investissements sur revenus estimant que les opérateurs concurrents feraient mieux de distribuer moins de dividendes et d'investir davantage au lieu d'accuser Free Mobile de bouleverser leur marché. «Avant, c'était la réglementation et les taxes qui étaient le prétexte à la rigueur chez les opérateurs. Maintenant, c'est Free Mobile. L'objectif est toujours le même, maximiser le dividende en se cachant derrière un bouc émissaire».

Xavier Niel est clair: les dividendes sont «colossaux» chez ses concurrents alors que le taux de distribution est quasi-nul chez Iliad... «En termes plus crus, cela veut dire que l'oligopole distribue des dividendes beaucoup plus qu'il n'investit, et ces dividendes partent très majoritairement chez des investisseurs institutionnels rarement domiciliés en France».

Il souligne que les investissements de France Telecom, SFR et Bouygues Telecom représentent 12% à 20% de leur chiffre d'affaires, tandis que cette part est de 50% chez Free. Et de conclure sur le nécessaire souci d’innover via la concurrence pour le consommateur.