Bourse: Pourquoi l'action Facebook s'effondre

MARCHES Les investisseurs attendaient de l'argent facile, il n'en est pour l’heure rien avec une action en chute de plus de 11%. Loin des 42 dollars des premiers instants...

Bertrand de Volontat
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Facebook entre en bourse, New-York, le 18 mai 2012.
Facebook entre en bourse, New-York, le 18 mai 2012. — K. BEDFORD / REUTERS

Cela arrive peu souvent au géant des réseaux sociaux pour être noté: Facebook a planté. Mais en Bourse. Y a-t-il eu une erreur de calcul et un responsable? N’est-il pas trop tôt pour juger ?

Un deuxième jour, ce lundi, catastrophique alors que les marchés attendaient un éventuel rebond après une introduction ratée vendredi dernier et un cours de l’action Facebook sauvée par Morgan Stanley dans les derniers instants du cours pour éviter un plongeon sous les 38 dollars en première séance (chute de 11% alors que le Nasdaq a réalisé ce lundi son meilleur jour de l'année). Morgan Stanley justement, héros ou coupable d’erreur de jugement.

Morgan Stanley seule responsable d’un prix d’action trop élevé?

La banque s’étant occupée de l’entrée en Bourse du réseau social, les doigts sont pointés en direction du prix d’introduction. Morgan Stanley a placé, à l’image du Nasdaq, trop d’attente dans cette entrée en Bourse, pensant avoir l'affaire du siècle entre les mains. Un journaliste américain explique même que ce sont les machineries du Nasdaq (les ordinateurs qui placent les actions) ont trahi le marché, n’arrivant pas à réunir parfaitement offres et demandes comme cela aurait dû se passer, d'où le retard constaté de plus d'une demie-heure d'entrée en Bourse vendredi dernier

En définitive, le prix était trop élevé et les acheteurs ne répondent pas présents. Le prix a pourtant été longtemps au cœur de discussions et un tarif plus bas, autour des 30 dollars, ou même de la partie basse de la tranche 35-38 dollars, avait un temps été considéré. Peut-être aurait-il évité à Facebook un tel début dans le rouge. Les derniers conseils reçus par Morgan Stanley étaient pourtant de baisser le prix d'introduction en Bourse. 

Facebook va faire jurisprudence pour les prochaines entrées en Bourse en particulier celles liées à des entreprises technologiques et web. Certains observateurs parlent même d'un éclatement de la bulle des start-up web. 

Morgan Stanley a également conduit les introductions de LinkedIn, Groupon et Zynga, les autres étoiles web cotées. Ces boîtes avaient vu leurs cours s’envoler les premiers jours avant de se stabiliser bien en dessous de leurs cours initial. Pour Facebook, il n’y aura donc même pas eu cet état de grâce premier.

Des leçons et des solutions à tirer de cet échec?

Facebook a de plus un réel problème des revenus actuellement et doit monétiser son utilisation mobile pour prendre de la valeur auprès des acheteurs d’actions et dynamiser sa capitalisation boursière. L’entrée en Bourse a notamment souffert du retrait la semaine passée de General Motors de la liste des annonceurs sur le réseau. Mais Facebook est encore une jeune entreprise qui dispose tout de même de près d’1 milliard d’utilisateurs exposables à la publicité.            

Du côté des leçons à tirer, Marc Fiorentino, banquier d’affaires spécialiste des marchés, évoque pour sa part «l’arnaque Facebook». Il explique que «ce n'est pas un échec pour tout le monde. C'est un énorme succès pour les fondateurs et actionnaires qui ont vendu à un prix surévalué à la dernière minute d'introduction, un énorme succès pour les banques qui ont procédé à l'introduction». Il tient un discours sans équivoque sur les autres porteurs décrivant Facebook comme : «un échec pour les pigeons de service qui se sont rués sur l'action en pensant gagner 30% le premier jour. Mais ils recommenceront à la prochaine introduction...» Les petits porteurs n’ont pas encore tout perdu, il ne s’agit que du deuxième jour de cotation.

Cet échec sera tout de même une leçon que les investisseurs essaieront de se rappeler à la prochaine. En attendant, jusqu’où le cours de l’action Facebook peut-il chuter? L’exemple de l'entrée en Bourse d'Amazon en 1997, rappelé par le quotidien New York Times, ayant coulé sous son prix initial de 18 dollars avant de quadrupler son cours un an après pour attendre aujourd’hui 218 dollars pièce, entretient l’espoir et la patience pour Facebook. «L'action du réseau social doit être un investissement de long terme car cette entreprise va encore évoluer», explique les analystes.

L’erreur aura été de se voir trop beau trop vite de la part de la direction de Facebook et de vouloir à tous prix atteindre la barre du milliard de dollars de valorisation boursière et de placer à 38 dollars l'action de base.  

>> L'action Facebook est à suivre en live sur 20minutes.fr