60 Millions de consommateurs redoute la privatisation

PRESSE Les équipes du magazine devraient manifester jeudi 29 mars...

Céline Boff
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 Capture écran du site 60 Millions de consommateurs
 Capture écran du site 60 Millions de consommateurs — DR

La menace de la privatisation du magazine 60 Millions de consommateurs réapparaît. Evoquée en septembre dernier par l’Etat, elle avait finalement été abandonnée. Si la direction de l’Institut national de la consommation (INC), organisme public auquel appartient le magazine, n’évoque plus une privatisation directe, elle souhaite filialiser le journal. Cette future filiale serait détenue à 100% par l’INC. Le conseil d’administration doit se prononcer sur ce sujet le 5 avril.

«Un pas vers la privatisation»

Ce projet de filialisation a été présenté au comité d’entreprise (CE) de l’INC, qui a rendu hier un avis défavorable. Lors d’un scrutin organisé le 16 mars dernier, 74% des salariés avaient également exprimé leur hostilité au projet. Les salariés du magazine et de l’INC devraient manifester le 29 mars prochain devant Bercy. Ils appellent le grand public à les rejoindre et ont lancé une pétition en ligne, accessible depuis le site www.soutenons60.org qui aurait déjà recueilli 15.000 signatures.

Pour Emmanuel Masset-Denèvre, secrétaire du comité d’entreprise de l’INC, «cette filialisation devrait permettre l’arrivée d’un ou plusieurs investisseurs du privé. C’est un pas vers la privatisation». Les salariés s’inquiètent notamment des répercussions sur le contenu éditorial de leur magazine: «Nous sommes un journal qui fonctionne sans publicité et qui réalise des essais comparatifs très coûteux. Il est pour nous hors de question qu’un investisseur privé. Nous avons des doutes quant au maintien de cette ligne éditoriale ainsi que de l’éthique et du sérieux de nos enquêtes si des investisseurs privés entrent dans le capital».

La direction ne souhaite pas s’exprimer

20 Minutes a contacté l’INC, mais la direction ne souhaite faire aucun commentaire sur le sujet.

Pour les salariés, la dégradation économique à laquelle est confrontée 60 millions de consommateurs est directement liée à la stratégie adoptée par la direction de l’INC. Le magazine, dont le financement est assuré uniquement par ses ventes, aurait perdu, en 2010, plus de 250.000 euros.

Des interrogations sur le changement de stratégie

«Depuis 2009, la direction a suspendu tous les investissements liés au recrutement d’abonnés. Elle a ensuite commandité une étude qui a conclu à la nécessité de privatiser le journal. Mais le magazine était bénéficiaire avant 2009, avant l’arrêt des investissements», affirme Emmanuel Masset-Denèvre. Les abonnés seraient passés, toujours selon le secrétaire du CE, de 130.000 en 2009 à 98.000 en 2011.

Les salariés soupçonnent que le changement de politique initié en 2009 par la direction soit lié à une série d’enquêtes sur le pouvoir d’achat, dont «les conclusions allaient à l’encontre des discours alors tenus par le gouvernement», poursuit Emmanuel Masset-Denèvre, qui précise: «mais nous n’avons aucune preuve de cela. C’est la concomitance des faits qui nous interroge».