Ce que réserve l'avenir à l'économie du sport

SPORT L'industrie du sport dépasse aujourd’hui très largement les aires de jeu. Elle représente entre 350 et 450 milliards d’euros de dépenses annuelles. De ceux qui détiennent les droits aux agences, sponsors, diffuseurs, tous se battent désormais pour avoir la plus grosse part du gâteau. Quel avenir pour cette industrie?...

Bertrand de Volontat
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Leonardo, le directeur sportif du PSG, Nasser El-Khelaïfi, le président, et Carlo Ancelotti, l'entraîneur, le 2 janvier 2012, au Qatar.
Leonardo, le directeur sportif du PSG, Nasser El-Khelaïfi, le président, et Carlo Ancelotti, l'entraîneur, le 2 janvier 2012, au Qatar. — Osama Faisal/AP/SIPA

Le monde du sport professionnel est-il voué à diminuer son train de vie? L’analyse du cabinet de conseil en stratégie AT Kearney révèle que l’industrie mondiale du sport grossit plus vite que les PIB nationaux à travers le monde (3,5 fois plus vite en France et en Allemagne, par exemple. Voir graphique). Par industrie du sport, il faut comprendre les infrastructures sportives, les produits sous licence et la retransmission des événements sportifs. Mais ce modèle peut-il perdurer?

Un cercle vertueux dépendant de la conjoncture et des nouvelles technologies

La création de valeurs dans le sport est soutenue par quatre piliers. Les propriétés (clubs, joueurs, tournois), la gestion des droits, les événements et le contenu (hors stade) sont les générateurs des finances du sport qui créent un cercle vertueux. Mais ce cercle pourrait ne plus augmenter que de 4% par an, au lieu de 6% en moyenne jusqu’à présent, sous l’effet de la crise.

Et ce sont en premier lieu les revenus des droits de retransmission qui devraient stagner, puisque les diffuseurs doivent faire face à une réduction de leurs coûts de programmation. Mais les contrats de diffusion étant souvent étalés sur plusieurs années, les effets de la crise pourraient ne se faire ressentir qu'à moyen terme, d'autant que l'arrivée de nouveaux acteurs (comme Al-Jazeera Sport en France) pourrait repousser le moment du déclin. Pour le foot tout particulièrement, et ses fameux droits télés vendus à prix d'or, on table tout de même, à terme, sur une croissance divisée par deux, de 8% à 4% par an.

Pour les contenus dits «premium» des diffuseurs, un autre problème se pose. Canal+, ESPN, Orange Sport ou bientôt Al-Jazeera Sport, sont soumis à la concurrence du piratage internet, notamment le streaming, dont la qualité à ce jour ne permet pas réellement de mettre les chaînes en danger. Mais l'objectif, pour continuer à attirer un large public et générer des revenus, est tout de même de trouver une parade à cette concurrence Web illégale, notamment en créant des interfaces plus nombreuses et plus performantes pour les tablettes et les smartphones. A l'image de ce que fait la NBA ou la NFL avec «game pass» depuis deux ans, avec des applications mobiles - qui fonctionnent de mieux en mieux - pour voir les matchs en direct.

L'avenir de revenus tels que la vente de tickets ou le parrainage (mécénat) est lui directement lié à celui de facteurs macroéconomiques. Si l’économie redémarre, les niveaux d’avant-crise seront rejoints.

Des revenus de plus en plus liés à la demande et aux sponsors 

Un aspect d’ores et déjà positif pour l’économie du sport concerne sa relation avec les sponsors. L’exposition étant de plus en plus grande, le nombre de sponsors désireux de partager l’aventure ne cesse d’augmenter. Dans cette période de crise, la course aux contrats les plus longs et les plus exclusifs va s’accélérer, augmentant les enchères et forçant les sponsors à se concentrer sur leurs investissements sportifs.

Le caractère cyclique des événements sportifs définit la nature même de l’industrie. Si les revenus ne cessent de grossir chaque année, la manière dont les dépenses sont réalisées change. Ainsi, en 2008, les grands événements sportifs – Jeux olympiques de Pékin, Euro de football en Suisse et en Autriche – ont représenté 8% des revenus, là où durant une année dite calme, ils tournent autour d’1% seulement.

A ce jeu là, le foot a pris une avance financière importante sur les autres sports.

Le football européen reste roi

Le seul marché des événements sportifs génère 45 milliards d’euros par an, un domaine dans lequel le football est le leader incontesté avec 19,5 milliards d’euros, soit 43% du marché. Presque autant que l’intégralité du business sportif aux Etats-Unis (23 milliards d’euros)...

Sur ces 19,5 milliards d’euros, 16 sont générés en Europe dont la moitié par les cinq championnats majeurs – Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne et France (les vingt plus grands clubs européens génèrent à eux seuls 4 milliards d'euros par an). Suivent ensuite le football américain (13%), le baseball, la Formule 1 et le basketball.

L’agrandissement des stades de foot, le naming, la construction de grands stades pour des clubs plus modestes (Valenciennes, Le Mans ou Lille en France), qui représentent d’importantes dépenses dans un premier temps (avant de générer d'importants revenus), devraient accroître un peu plus l’écart du football avec les autres sports. Notamment en France, avec la rénovation ou l'agrandissement de nombreux stades, et la perspective de l’Euro 2016.