Le prix fort du retour au franc

ETUDE Un million d'emplois seraient menacés...

Gilles wallon
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Selon un sondage Ifop, un tiers des Français souhaite un retour au franc.
Selon un sondage Ifop, un tiers des Français souhaite un retour au franc. — JAUBERT / SIPA

Une catastrophe sociale. La sortie volontaire de l'euro et le retour au franc provoqueraient la suppression d'environ «un million d'emplois» à moyen terme, et détruiraient jusqu'à près d'un cinquième de la richesse nationale sur dix ans, selon une projection de l'Institut Montaigne révélée hier par le journal Les Echos. 

Explosion de la dette


Le think tank libéral a voulu tester la proposition mise en avant par Marine Le Pen pour sortir de la crise de l'euro. Un sondage Ifop pour le site Atlantico paru le mois dernier révélait qu'un Français sur trois souhaitait un retour au franc, contre deux Allemands sur trois favorables à un retour au mark. Pour l'Institut Montaigne, la première conséquence d'un abandon de l'euro serait la rapide baisse de valeur, d'environ 20%, de la nouvelle monnaie. Cette dévaluation favoriserait les exportations françaises, mais elle ferait exploser le prix des produits étrangers achetés en France : essence, électroménager, vêtements, agroalimentaire. Cette baisse du pouvoir d'achat s'accompagnerait d'une très forte hausse de la dette publique, qui passerait de 82% à 103% du produit intérieur brut (PIB), des chiffres «proches de l'Italie», remarque l'Institut Montaigne. Les crédits bancaires deviendraient alors plus difficiles à obtenir, avec des conséquences sur la consommation et sur l'activité. Pour les entreprises aussi, il deviendra plus cher d'emprunter et d'investir. Obligées de réduire leurs coûts pour survivre, elles devraient donc se résoudre à des suppressions d'emplois. Et cette hausse du chômage contribuerait au ralentissement de l'économie. «400 000 emplois ont déjà été détruits sous Nicolas Sarkozy», répond le FN, pour qui cette étude de «propagande» mérite d'aller à «la poubelle.»