SeaFrance: Le tribunal de commerce prononce la liquidation judiciaire de la compagnie de ferries
JUSTICE Les offres de reprise ont été rejetées...
Le tribunal de commerce de Paris a prononcé ce mercredi la liquidation judiciaire de la compagnie française de ferries en Manche SeaFrance. Le tribunal a estimé que les deux offres de reprise présentées par Louis Dreyfus Armateurs (LDA) et par la CFDT, syndicat majoritaire de l'entreprise, n'étaient pas satisfaisantes en l'état. Il a cependant laissé la porte ouverte à la présentation de nouvelles offres avant le 12 décembre.
La première offre pour cette filiale de la SNCF émane de l'armateur Louis Dreyfus Armateurs (LDA), associé au groupe de ferries danois DFDS. Elle prévoit la sauvegarde de 460 emplois équivalent temps plein, le maintien sous pavillon français, la reprise de trois navires pour 5 millions d'euros et un investissement de 50 millions d'euros pour des réparations aux bateaux, former le personnel et relancer la compagnie.
Economiser des coûts
Pour Niels Smedegaard, président de DFDS, elle permettrait de regrouper les activités dans le détroit de SeaFrance, de la compagnie danoise et de la compagnie de ferries LD Lines, filiale du groupe Louis Dreyfus Armateurs. Une façon d'économiser des coûts «alors que nous sommes clairement en situation de surcapacité» sur les liaisons trans-Manche, selon Niels Smedegaard.
L'autre option est un projet de Scop (Société coopérative et participative) présenté par la CFDT, syndicat majoritaire de l'entreprise. Elle prévoit de conserver l'intégralité des 880 emplois en CDI de la filiale de la SNCF, en grave difficulté financière. L'offre de la direction de SeaFrance, qui prévoyait une recapitalisation à hauteur de 160 millions d'euros via notamment un prêt de la SNCF, a été retoquée par la Commission européenne, qui l'a jugée contraire aux règles de la concurrence.
Plus de 700 emplois supprimés en 2010
La France va engager un recours contre cette décision auprès du tribunal de l'Union européenne, mais celui-ci semble avoir peu de chances d'aboutir. SeaFrance, seule compagnie française à assurer la liaison Calais-Douvres, souffre de la concurrence du tunnel sous la Manche ouvert en 1994. La crise économique de 2008-2009 lui avait porté un coup supplémentaire, l'obligeant à supprimer plus de 700 emplois en 2010 et à être placée en redressement judiciaire.
L'annonce du tribunal intervient dans un climat tendu entre direction et syndicats de SeaFrance. Mardi, la compagnie a décidé de laisser à quai ses bateaux, disant craindre pour la sécurité des passagers et du personnel, alors que certains syndicalistes ont menacé de faire couler des navires, notamment si l'offre LDA-DFDS l'emportait.