Le café va-t-il devenir un produit de luxe?
ÉCONOMIE l n'a jamais coûté aussi cher...
Au réveil, en arrivant au bureau ou au comptoir, les Français consomment presque 6 kilos de café par an. Mais ce petit plaisir pourrait bien devenir un luxe.
Les cours mondiaux ont atteint en mars leur record historique, à plus de 2,80 dollars la livre de café à New York, un record depuis 34 ans. Et ce n’est pas fini: «L'équilibre précaire entre l'offre et la demande continue à privilégier la fermeté des prix», estime l'Organisation internationale du café.
Partout dans le monde, la consommation de café grimpe, notamment chez les classes moyennes des pays émergents. Mais la production, elle, stagne en raison de la baisse des rendements dans de nombreuses régions. En 2006, la Colombie a produit plus de 12 millions de sacs de 132 livres de café, mais seulement 9 millions de sacs en 2009, alors qu’elle s’est fixée un objectif de 17 millions de production annuelle d’ici 2014. Le Salvador, le Costa Rica ou le Guatemala connaissent les mêmes tendances.
Réchauffement climatique
La faute à l’augmentation d’un degré en moyenne de la température dans les zones de production mais aussi aux pluies plus fréquentes et plus intenses, qui entraînent le développement de champignons et réduisent la qualité du café. L’Organisation internationale du café estime même que le réchauffement climatique est le principale danger qui pèse sur le produit.
Le café exige en effet pour pousser des conditions très particulières. Des températures ou un taux d’humidité trop élevés altèrent sa qualité. L’Arabica grand cru se fait déjà rare, révèle le New York Times, dans une enquêté récente. Et le journal n’hésite pas à relayer l’opinion d’un scientifique spécialiste du café, qui parle d’un «peak coffee» . A l’instar de la théorie du «peak oil» pour le pétrole, le «peak coffee» marquerait un seuil maximum de production atteint sur la planète à cause du réchauffement climatique. La production ne pourrait alors que stagner ou baisser, et elle serait peu à peu inférieur à la demande.
Et en France? Le café fait partie des produits qui vont le plus augmenter cette année, avec des prix en hausse de 20%. Mais Jean-Jacques Leuner, torréfacteur et président du Comité français du café, assure que l’augmentation de la matière première a encore peu été répercutée. Sans pouvoir la chiffrer, il assure s’attendre à des hausses de prix dans les étals. Accusant «la spéculation» qui accentue les inquiétudes sur la production, il craint même un nouveau pic de prix, à l’été, périodes de gelées fréquentes au Brésil. «Elles sont prévisibles, mais chaque année les spéculateurs en profitent pour jouer sur des prix à la hausse», anticipe-t-il. Avec, là encore, des répercussions dans votre tasse.