Le marché halal en forte croissance

Reuters
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Le marché du halal en France, qui a  représenté 5,5 milliards d'euros en 2010, devrait à nouveau enregistrer  une croissance à deux chiffres en 2011 en dépit des polémiques récentes  et de l'absence d'une certification commune qui reste un frein à son  développement. Selon le cabinet de marketing Solis, le commerce de produits halal,  qui a progressé de 10% l'an dernier, pèse déjà plus lourd que celui du  bio.

Les industriels et les distributeurs sont de plus en plus nombreux à  développer leurs propres gammes et les produits halal commencent à se  diversifier après avoir été longtemps circonscrits à de la viande que  l'on trouve en charcuterie. «Aujourd'hui le consommateur peut trouver  du jambon de dinde dans les grandes surfaces», a déclaré à Reuters Abbas  Bendali, directeur de Solis.

«Avec une nouvelle génération de consommateurs, on assiste à  l'apparition de produits occidentaux comme le hachis parmentier halal»,  explique de son côté à Reuters Antoine Bonnel, organisateur du salon du  halal qui se tiendra fin mars. Pour qu'une viande soit considérée comme halal - «ce qui est permis»  en arabe - l'animal doit être égorgé par un musulman en direction de La  Mecque. Des paroles religieuses doivent également accompagner le  sacrifice. Cette pratique peut se révéler contraignante à l'échelle  industrielle car il n'est pas aisé de réaliser des sacrifices à la  chaîne.

De grands groupes veulent séduire les musulmans

Cela n'empêche pas certains groupes de se lancer sur ce marché  prometteur qui devrait signer une croissance à deux chiffres en 2011,  pronostique Antoine Bonnel. A côté de marques historiques comme Isla Délice, apparaissent de  plus en plus de grands groupes comme Fleury Michon ou Herta, déterminés à  séduire les musulmans de France. «Mais les grandes surfaces se sont mises à niveau en sortant des marques distributeurs» précise Abbas Bendali.

Carrefour est le dernier en date. Après avoir lancé  du foie gras estampillé halal durant les fêtes de fin d'année, le numéro  deux mondial de la distribution lance dès aujourd'hui une vingtaine de  produits dans la charcuterie, la volaille et les surgelés et compte  faire évoluer sa gamme au deuxième trimestre. Même si le marché progresse, il continue toutefois de rencontrer un  certain nombre de difficultés liées notamment à l'absence de règles  uniformes pour certifier la conformité au rite islamique qui reste un  frein pour sa croissance, selon des analystes.

Perspectives d'évolution importantes

En janvier, une polémique a éclaté au sujet des saucisses Herta  halal contenant des traces de porc. Depuis, Nestlé, maison-mère de Herta, a stoppé la production de ces saucisses en disant  vouloir repenser le processus de fabrication. «Nous voulons faire des tests ADN sur tous nos produits pour être  certains qu'ils ne contiennent pas de porc», a déclaré une porte-parole  du groupe agroalimentaire. En 2009, Quick avait par ailleurs fait sensation en lançant  plusieurs restaurants exclusivement halal. L'affaire avait pris des  proportions politiques lorsque le maire de Roubaix avait menacé de  porter plainte contre la chaîne de restauration rapide pour  discrimination.

Au-delà des polémiques, les perspectives d'évolution restent malgré  tout intéressantes. «Le marché va se réguler de lui-même avec de  nouvelles générations d'industriels musulmans. Ils seront plus attachés  au respect de la norme halal et pas seulement aux intérêts économiques»,  estime Antoine Bonnel.