La lutte contre la contrefaçon réclame plus de coopération et d'information
Lutter efficacement contre la contrefaçon, qui pèse sur les économies et menace la santé et la sécurité des consommateurs, exige une coopération accrue entre Etats et industriels, doublée d'une meilleure information du public, selon des experts réunis en congrès à Paris.
Médicaments, pièces détachées, cosmétiques, produits alimentaires, musique ou vidéo: la contrefaçon et le piratage touchent tous les secteurs, avec un impact économique et social majeur.
Devant le Congrès mondial sur la lutte contre la contrefaçon et le piratage, Jean-Guy Carrier, secrétaire général de la Chambre de commerce internationale (CCI) a en évalué l'impact à "plus de mille milliards de dollars de pertes annuelles pour l'économie mondiale, les gouvernements et les consommateurs".
Un bilan qui se traduit aussi par quelque 2,5 millions d'emplois perdus, selon la CCI.
Face à ce problème, de nature international, la "coopération entre toutes les autorités" est "absolument indispensable", a affirmé le directeur général de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) Francis Gurry.
Selon l'étude publiée par la CCI, la valeur totale des seuls produits contrefaits ou piratés pourrait atteindre jusqu'à 1.770 milliards de dollars en 2015 dans le monde, contre 650 milliards en 2008.
"La France est attachée à renforcer le cadre international", l'un des objectifs de sa présidence du G20, et soutient "la construction d'un espace de normes au niveau européen et mondial", a déclaré Benoît Coeure, directeur général adjoint du Trésor, qui chiffre à 6 milliards d'euros par an le coût pour la France de la contrefaçon.
Le secrétaire général d'Interpol Ronald Noble a également plaidé pour "un partenariat solide entre les secteurs public et privé, les polices nationales, les douanes" face à une "criminalité organisée transnationale".
Il a cependant ajouté que la coopération avait déjà enregistré des "grands succès", en citant les résultats de la dernière opération Jupiter en Amérique du Sud: mille arrestations et saisie de 8 millions de produits contrefaits pour plus de 200 millions de dollars.
Du côté des industriels, Gerhard Bauer, président de l'Association internationale pour les marques (INTA) a demandé aux gouvernements de "renforcer les lois anti-contrefaçons et leur application".
Dans ce contexte, les organismes chargés de réprimer les trafics veulent améliorer les outils à leur disposition.
Kunio Mikuriya, secrétaire général de l'Organisation mondiale des Douanes (OMD) souhaite une formation continue "à l'identification des contrefaçons, en partenariat avec les fabricants concernés". Ronald Noble a annoncé le lancement par Interpol d'un "Collège international" en ligne pour former des enquêteurs travaillant dans ce domaine.
Mais l'accent a aussi été mis sur l'importance de mieux informer les consommateurs sur les risques des produits contrefaits.
Internet est devenu "un vecteur de plus en plus important de la diffusion des faux produits et constitue aujourd'hui un enjeu majeur", a relevé Yves Lapierre, directeur général de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI).
Le ministre français de l'Industrie Eric Besson a annoncé le prochain lancement d'une campagne d'information sur internet.
"Jusqu'à 10% des jouets sur le marché sont contrefaits ou des copies", selon Catherine Van Reeth, directrice générale de Toys industries of Europe (TIE).
"Aujourd'hui, les médicaments sous-dosés, sur-dosés ou sans principe actif circulent dans le monde presque impunément, avec une prédilection pour les pays démunis", a dit Philippe Lamoureux, directeur général des Entreprises du médicament (Leem).
Les médicaments contrefaits sont responsables de 700.000 décès par an concernant la malaria et la tuberculose, a affirmé M. Carrier.