Les raffineries, nouvelle arme de la CGT pour faire plier le gouvernement?
SOCIAL La menace d'une pénurie de carburant inquiète plus que des trains à l'arrêt...
La crainte des Français lors de ces grèves contre la réforme des retraites n’est pas d’être bloqué dans les transports. Les peurs sont à chercher du côté des stations-service. Car la menace d’une pénurie de carburant se confirme.
>> Faut-il craindre une pénurie de carburant? Le point par ici.
A l’appel de la CGT chimie et de la CGT Total, dix des douze raffineries de la métropole sont touchées jeudi par la mobilisation ainsi que trois dépôts pétroliers. Et les terminaux près de Marseille sont toujours bloqués par les salariés.
Un rôle prégnant qui s’explique avant tout par les luttes internes à la CGT. Et par la volonté d’une partie des militants de pousser le syndicat à se radicaliser.
Succès récents
Le secteur est d’abord porté par son succès de février dernier. Après une semaine de grève dans les raffineries Total pour protester contre la fermeture du site de Dunkerque, Nicolas Sarkozy avait convoqué le PDG du groupe.
Ce dernier avait dû s’engager à ne fermer aucune autre raffinerie pendant cinq ans.
Réticences de la CGT cheminots
Mais l’ampleur de la mobilisation dans la filière s’explique aussi par l’attitude de la CGT cheminots, jusque là fer de lance de la contestation syndicale.
«La fédération, dont est issu le secrétaire général, Bernard Thibault, refuse normalement toute négociation. Depuis le début du conflit, elle hésite cependant à se radicaliser», explique à 20minutes.fr Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail.
La CGT cheminots sait qu’une grève longue dans les transports serait très impopulaire auprès d’une opinion publique pour l’instant acquise au mouvement contre les retraites. Depuis la mise en place du service minimum, elle a aussi perdu une partie de sa capacité à faire pression sur le gouvernement. Les récents échecs de ses mobilisations ont aussi émoussé les militants.
Opposition à Bernard Thibault
La CGT du secteur pétrolier a donc pris le relais. Mais non sur demande de Bernard Thibault: ce mouvement est surtout une opposition frontale au leader syndical qui refuse pour l'instant une grève générale.
«La CGT chimie et la CGT Total, tout comme le syndicat dans les Bouches-du-Rhône, sont très hostiles à la ligne du secrétaire général. Ils ne veulent pas négocier mais faire tomber la réforme, et si possible le gouvernement. Ils essayent donc de forcer Bernard Thibault à se radicaliser», analyse Bernard Vivier.
Même si le secrétaire général n’est pas à l’origine de cette mobilisation, il pourrait en tirer parti. Car en devenant le nerf de la guerre, les raffineries font de la CGT «l’interlocuteur principal de Nicolas Sarkozy dans ce conflit et ceux à venir», conclut-il.