Electricité: pourquoi ça augmente malgré la concurrence?

CONSOMMATION Ils augmentent de 3% le 15 août...

G.W.
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Les tarifs de l'électricité ont augmenté à la mi août.
Les tarifs de l'électricité ont augmenté à la mi août. — F. DURAND / SIPA

Dimanche 15 août, comme tous les ans, les tarifs réglementés de l’électricité vont augmenter. Cette année, la hausse sera de 3% en moyenne. Dans les 5 ans, les prix pourraient s’envoler, jusqu’à 25% de hausse. Pourtant, le marché de l’énergie s’est ouvert à la concurrence il y a déjà plus de trois ans. En toute logique, l’arrivée de Poweo ou de Direct Energie aurait dû tirer les prix vers le bas. Alors pourquoi n’ont-ils pas baissé?

D’abord parce qu’ils sont encore bas. Si la France a autant investi dans le nucléaire, c’est parce qu’il permet de produire de l’électricité à très bas prix. Les 58 centrales françaises produisent 80% de l’énergie consommée dans le pays. Et toutes ces centrales sont exploitées par EDF, ancien monopole public, toujours détenu à 85% par l’Etat. Le groupe établit ses tarifs réglementés avec le gouvernement, et il parvient à les conserver en dessous des prix du marché européen. Après la Finlande, la France est le deuxième pays de l’UE où l’électricité est la moins chère.

Les nouveaux fournisseurs, eux, sont obligés d’acheter leur énergie sur ce marché européen. Ils ne peuvent donc pas s’aligner sur les tarifs d’EDF. Certains fournisseurs produisent une partie de leur électricité, comme Poweo, qui dispose d’une centrale thermique. Mais ce mode de production reste plus coûteux que le nucléaire.

Fausse concurrence

Moins cher, EDF conserve donc une situation de quasi-monopole. Le groupe fournit en électricité 95% des foyers français. Cette «fausse concurrence» a le don d’énerver la Commission européenne, qui critique depuis plusieurs années les tarifs réglementés.

A la rentrée, le Parlement examinera donc le projet de loi NOME (nouvelle organisation du marché électrique), réclamé avec insistance par la commission européenne et qui pourrait obliger EDF à vendre à la concurrence 25% de sa production nucléaire, à un prix préférentiel. Mais le groupe pourrait bien, ensuite, compenser ce manque à gagner en augmentant à nouveau ses tarifs réglementés.

Investissements ratés

L’électricité pourrait donc augmenter régulièrement. L’an dernier, Pierre Gadonneix, prédécesseur d’Henri Proglio à la tête d’EDF, réclamait une hausse des tarifs de 20% sur trois ans.

Cette année, le géant français justifie sa hausse par le nécessaire entretien de son parc nucléaire. Il compte aussi investir dans les barrages hydrauliques, une autre source d’électricité à bas coût. Ce qu’il dit moins, c’est qu’il doit aussi effacer deux années d’investissements ratés sur les marchés britannique et américain.