Live Nation et Ticketmaster seraient sur le point de fusionner

Guillaume Guichard

 Un géant américain de la musique Live serait sur le point de    naître. Live    Nation, premier organisateur de concert au monde, et Ticketmaster,    leader de la vente de ticket, discuteraient en vue d'une fusion, a révélé le Wall    Street Journal. La nouvelle entité, qui devrait s'appeler Live    Nation Ticketmaster, pèserait 700 millions de dollars en Bourse. Soit le    double, par exemple, de la maison de disque Warner Music Group (312,6    millions de dollars).  

 L'alliance des deux groupes américains constituerait un mastodonte    à l'échelle de l'industrie musicale. Live Nation, c'est 33.000 concerts    organisés par an et la gestion de 170 salles autour du globe. C'est aussi    des contrats exclusifs avec des stars internationales comme Madonna, U2    ou Jay-Z concernant tous les aspects du merchandising. De son côté,    Ticketmaster exploite un quasi-monopole sur les ventes de billet aux    Etats-Unis. Mais pas seulement. Il gère aussi les affaires de plus de 200    artistes, dont Miley Cyrus, Christina Aguilera ou encore The Eagles.  

 Si l'opération est présentée comme une fusion entre égaux,    elle semble surtout profiter à Live Nation. Malgré la puissance de son    réseau, le groupe peine à être rentable et enregistre des pertes depuis    qu'il a quitté le giron Clear Channel Communications en 2005. Et son cœur de    métier, l'organisation de concerts, ne dégage qu'une marge de l'ordre de 4%.    Contre 25% pour la vente de ticket.  

 De son côté, si Ticketmaster accepte cette fusion avec un    partenaire moins rentable, c'est que l'opération donnerait aux deux groupes    un pouvoir accru sur le marché, leur offrant la possibilité d'imposer des    prix plus élevés à leurs partenaires commerciaux. Et d'augmenter le prix des    tickets. La fusion déboucherait en effet sur un géant qui contrôlerait la    chaîne de production musicale de bout en bout, de l'enregistrement à    l'organisation de concert en passant par l'exploitation des produits    dérivés. Au point d'éveiller déjà "des    craintes d'abus de position dominante dans le management d'artiste,    l'enregistrement musical, la ventes de tickets et l'organisation de concerts",    relève un professionnel du secteur cité par Reuters.  

 Et si un tel contrôle sur l'industrie devenait la règle? Car    cette fusion met en lumière la nouvelle donne qui régit désormais    l'industrie du disque. "Le chiffre d'affaires de la vente de CD chute    inéluctablement, alors que celui généré par les concerts connaît    une explosion sans précédent", explique Laurent Michaud,    responsable de la division foyer numérique et loisirs de l'Idate. Live    Nation et Ticketmaster l'ont bien compris. Encore faut-il que les autorités    de la concurrence ne s'opposent pas à leur rêve d'hégémonie.