Les clubs de foot français en mal de recettes de billetterie
Comme l'année dernière, il n'y a que deux clubs de foot français dans le classement Deloitte des clubs mondiaux générant le plus de recettes, hors transferts de joueurs. Par effet monétaire, les clubs Anglais souffrent dans ce classement d'une dépréciation de la Livre. A l'inverse, les clubs de la zone euro sont favorisés. A l'image du Bayern de Munich, l'Olympique Lyonnais (OL) et l'Olympique de Marseille (OM) remontent dans le classement. De peu. L'OL passe de la 13e à la 12e place tandis que l'OM remonte de la 19e à la 16e place.
Un léger mieux qui ne rassure pas sur le problème de diversification des ressources des clubs français dont les budgets restent faibles par rapport à leurs homologues européens. La Ligue 1 française est aujourd'hui très dépendante des droits TV de retransmission du football, ces sommes versées par Canal+ et Orange pour diffuser les matches et reversées aux clubs. Cela représentait pour la saison 2005-2006, 57% des ressources des clubs contre 43% pour l'ensemble des autres recettes que sont la billetterie, les produits dérivés et le sponsoring dont les parts varient entre 10 et 18% des recettes totales, selon le rapport de la Commission Euro 2016 sur les Grands stades.
Une situation qui place les clubs français dans une position de faiblesse par rapport aux grands médias. La dernière négociation sur les droits du foot l'a prouvé. La Ligue de Football Professionnel a été obligée de jouer la carte de l'opérateur téléphonique Orange pour maintenir le niveau des droits du foot. C'est normal: depuis qu'il avait racheté TPS, le Groupe Canal+ avait l'exclusivité des droits du foot et entendait, faute de concurrent, les faire baisser.
D'où la volonté de diversifier les recettes des clubs. Et selon la commission Euro 2016, le modèle à suivre est l'Allemagne qui a quatre clubs dans le classement Deloitte: le Bayern de Munich (4e avec 295,3 millions d'euros de recettes, Schalke 04 (13e avec 148,4 millions), l'Hamburger SV (15e avec 127,9 millions) et le VfB Stuttgart (18e avec 111,5 millions). Depuis que le pays a rénové ses stades pour accueillir la Coupe du monde de foot en 2006, la fréquentation a augmenté et les recettes annexes avec. Désormais, les droits médias ne représentent que 27% des recettes des clubs allemands contre 30% pour le sponsoring, 25% pour la billetterie et 18% pour les droits dérivés.
L'Angleterre, dont les droits TV sont les plus élevés au monde, a également une bonne répartition des recettes des clubs de foot et tire plus de 35% de ses recettes de la billetterie. En Espagne, les clubs de la Liga bénéficient également de ressources de billetterie considérable (28% des recettes). "Concrètement, cela signifie qu'un club espagnol engrange en moyenne 16 millions d'euros annuels au titre de la billetterie, soit deux fois et demi plus qu'un club français", indique le rapport Grands Stades.
Il faut donc moderniser les stades pour aider les clubs français de foot. Ils sont trop petits et ne permettent pas de politique commerciale offensive. Là où les stades allemands peuvent accueillir en moyenne 45.000 personnes, les français se limitent à 29.155 places ce qui ne permet pas de baisses de prix des billets. Autre exemple, les espaces VIP et les autres sièges à prestation ne représentent que 4% de la surface des stades français contre 8 à 12% dans les autres pays européens. Conséquence: la recette moyenne par spectateur est de 16 euros en France contre 22 euros en Italie, 24 en Allemagne et 33 en Espagne. Sans oublier le fait que l'on ne possède en France aucun stade multifonction où il est possible de se restaurer, faire ses courses…
Mais rénover un stade, ça coûte cher. Le rapport Besson propose donc d'encourager les investissements privés dans les stades et de faciliter le recours aux partenariats public-privé. Pour ce faire, des évolutions législatives sont nécessaires notamment en matière de reconnaissance du caractère d'intérêt général des enceintes sportives. Cela permettrait "aux collectivités locales de financer tout ou parties des dessertes et accès au stade". Et pour donner plus de sécurité dans le temps aux investisseurs privés, les clubs devraient aussi prochainement changer de statut juridique pour se transformer en SA classiques.
Les chantiers existent, les investissements moins en cette période de crise économique. Et puis ce sont des chantiers de long terme. Il est donc vraisemblable que le classement de l'année prochaine ne change pas beaucoup pour les clubs français.