Alsace : Nouvel échec d’une table ronde à Bercy pour Clestra
entreprise La direction de Clestra et la CGT, syndicat majoritaire, se sont renvoyé la responsabilité de l’échec de discussions au cours d’une deuxième table ronde au ministère de l’Economie, alors qu’un conflit social à Illkirch dure depuis trois mois
EDIT : BMS Patrimoine, bailleur des locaux de Unterland (ex-Clestra Métal), nous a fait savoir par mail en date du 28 septembre que le litige dont il est fait mention dans cet article « est sans lien avec le placement en redressement judiciaire de la société Clestra Hausermann, ni avec les difficultés rencontrées par les repreneurs, la société Jestia - Clestra Métal (Unterland) ». Le bailleur précise que « depuis le 1er juillet 2021, la société Clestra Hausermann, puisla société Jestia - Clestra Métal (Unterland) n’a réglé de manière effective que très partiellement les loyers dus et ce, à hauteur de 50 % au plus » et ajoute « depuis le 3e trimestre 2023, elle ne règle plus aucun montant au titre de ses loyers et charges ».
Ça ne s’arrange pas pour Clestra en Alsace. Basée à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin), l’entreprise est en plein conflit social depuis trois mois. La société, placée en redressement judiciaire le 1er août 2022, du fait de l’explosion des coûts des matières premières, d’un litige sur son bail à Illkirch et des conséquences d’une cyberattaque, avait été reprise par Jestia. Elle avait alors repris la plupart des activités (289 emplois sur 369) en bénéficiant d’un prêt de 4 millions d’euros de l’Etat et d’un million de la région Grand-Est. Mais le climat social s’est dégradé face aux réorganisations internes et à un projet de rupture conventionnelle collective, selon la CGT. Une grève paralyse l’activité depuis le début de l’été.
Mercredi, la direction de Clestra et la CGT, syndicat majoritaire, se sont renvoyé la responsabilité de l’échec de discussions au cours d’une deuxième table ronde sous l’égide du ministère de l’Economie. « La direction d’Unterland Metal [nouveau nom de Clestra Metal] ne peut que déplorer le blocage des discussions par la CGT. Une partie des revendications portées par le syndicat sont objectivement irréalisables et empêchent l’avancée des discussions », a affirmé dans un communiqué la direction de l’entreprise alsacienne de cloisons de bureau. « Nous nous interrogeons sur les réelles motivations du CSE [comité social et économique], qui n’a eu de cesse de bloquer la mise en œuvre du projet de redressement depuis octobre 2022 et qui met aujourd’hui l’entreprise en péril avec une situation économique extrêmement dégradée après douze semaines de grève », a-t-elle complété.
Plus que « cinq ou six jours de trésorerie »
A l’inverse, la CGT a dénoncé une « démarche volontaire de pourrissement du conflit » de la part du PDG, Romain Jacot, « mettant gravement en danger la situation du groupe Clestra ». Selon la CGT, qui cite le PDG, la faillite de l’entreprise est « imminente », Clestra ne disposant plus que de « cinq ou six jours de trésorerie ». D’après le syndicat, la direction devait présenter mercredi aux représentants du ministère de l’Economie un « plan de reprise de l’activité », mais aucune proposition d’activité n’a été formulée. Selon Amar Ladraa, élu CGT du CSE, la direction s’est cantonnée à proposer le paiement d’un arriéré de 12 jours de congés payés. « La direction a abandonné le navire, et c’est comme si elle le regarde couler sans réaction », a déploré l’élu CGT.
Le syndicat en appelle désormais à Bercy pour « trouver une solution ». « On ne peut pas avoir un discours qui prône la défense des industries et la relocalisation des entreprises et des emplois, et accepter le contraire dans la réalité », écrit la CGT dans un communiqué.