Pouvoir d’achat : La hausse des salaires attendue un peu en dessous de l’inflation en 2023
TRAVAIL Selon le cabinet de recrutement PageGroup, les hausses de salaire devraient être de 4,5 % en moyenne en 2023
Le pouvoir d’achat va légèrement baisser cette année en France. Les augmentations de salaire devraient en effet presque compenser l’inflation en 2023, mais le ralentissement conjoncturel pourrait compliquer la donne en 2024, selon plusieurs études récentes.
Les hausses de salaire sont attendues à 4,5 % en moyenne en 2023, d’après une enquête publiée ce jeudi par le cabinet de recrutement PageGroup. Une étude du cabinet de ressources humaines LHH publiée fin août indiquait, elle, que la moitié des salaires en France connaîtront en 2023 une augmentation supérieure à 4,7 % et que 93 % des entreprises « ont prévu des mesures salariales » cette année.
Une très faible hausse annuelle des salaires entre 1996 et 2018
Ces niveaux sont exceptionnels : les salaires n’ont augmenté que de 0,6 % en moyenne par an entre 1996 et 2018 selon l’Insee. Ils viennent compenser une hausse des prix à la consommation attendue à 5 % en moyenne pour l’ensemble de 2023, après 5,2 % en 2022, toujours selon l’Institut national de la statistique. Une augmentation surtout sensible sur les prix des produits alimentaires (+11 % sur un an en août).
Mais comme l’an dernier les prix avaient progressé nettement plus vite que les salaires, « sur deux ans, on n’a pas rattrapé pour la population moyenne le niveau de l’inflation », explique Laurent Blanchard, directeur général de PageGroup France. Le directeur du département analyses et prévisions de l’OFCE, Eric Heyer, estime pour sa part le décrochage des salaires par rapport aux prix à deux points de pourcentage.
Pour cet économiste, les employeurs ont aujourd’hui « des marges pour augmenter les salaires sans avoir à répercuter (ces hausses) sur les prix » et sans pour autant provoquer une spirale inflationniste.
Face à l’inflation, les hausses de rémunération ont plus souvent que par le passé pris la forme d’augmentations générales et des « mesures salariales complémentaires » ont été prises par 60 % des entreprises, relève LHH. Parmi elles, la prime de partage de la valeur a été versée par 45 % des entreprises pour un montant médian déclaré de 775 euros.
Un pouvoir de négociation très inégal selon les salariés
Les augmentations générales des ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise (OETAM), qui ont pour certains bénéficié des hausses du Smic intervenues au 1er janvier et au 1er mai 2023, sont supérieures à 4,6 % dans la moitié des cas, contre 4 % pour les cadres, selon le cabinet Deloitte. En tenant compte des dispositifs de rémunération variable et de l’épargne salariale, les augmentations médianes sont de 7,0 % et 3,0 % respectivement pour les OETAM et les cadres.
Le pouvoir de négociation reste toutefois très inégal selon les salariés. PageGroup relève ainsi que 40 % d’entre eux « ont le sentiment de ne pas avoir eu leur salaire revalorisé au cours des deux dernières années ». Et selon une enquête du cabinet Robert Half, « 45 % des femmes et 48 % des 45-65 ans déclarent n’avoir perçu aucune augmentation au cours des douze derniers mois », contre seulement 35 % des hommes en général et 30 % des 18-34 ans.