Malgré « des derniers jours de folie », les chaussures San Marina placées en liquidation judiciaire

C’est LA FIN Le tribunal de commerce de Marseille a prononcé ce lundi la liquidation judiciaire de l’enseigne qui était en cessation de paiements depuis le 20 septembre dernier. Elle laisse 676 salariés sur le carreau et une ardoise de près de 55 millions d’euros

Alexandre Vella
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San Marina a été placée en liquidation judiciaire.
San Marina a été placée en liquidation judiciaire. — Mourad ALLILI
  • L’enseigne de chaussures San Marina a été placée en liquidation judiciaire ce lundi par le tribunal de commerce de Marseille.
  • Aucune des trois offres de reprises n’ont été retenues.
  • San Marina laisse 676 salariés sur le carreau et une ardoise de près de 55 millions d’euros.

Comme pressentie à l’issue de l’audience du tribunal de commerce de Marseille le 10 février dernier, l’enseigne de chaussures San Marina a été placée en liquidation judiciaire, ont acté ce lundi les juges. Il « ne peut qu’être constatée l’absence de viabilité de San Marina à ce jour et la nécessité urgente de mettre fin à une situation qu’il n’est plus possible de redresser et qui s’aggrave de jour en jour », a motivé le tribunal, dans la copie de sa décision que « 20 Minutes » a consulté. San Marina était en cessation de paiements depuis le 20 septembre 2022.

Près de 55 millions d’euros de dettes

Les 163 magasins de l’entreprise d’origine marseillaise ne rouvriront pas après avoir baissé leurs rideaux une dernière fois samedi dernier. Les juges ont repoussé les trois offres de reprises formulées estimant que celles-ci « étaient manifestement des offres liquidatives sans vocation au maintien de l’activité ou de l’emploi », a estimé le tribunal dans les motivations de sa décision. Des offres sur lesquelles les instances représentatives des 676 salariés de San Marina avaient « émis unanimement des avis défavorables ». Il n’y a « aucune surprise » dans cette décision a commenté une source syndicale.

Depuis l’annonce faite dans nos colonnes mardi de la fermeture définitive des magasins, les clients se sont rués dans les boutiques de l’enseigne qui proposaient une remise de 50 % sur tous leurs produits. « C’était plus que du monde, ces derniers jours étaient la folie », a poursuivi notre interlocuteur. « C’est simple, sur la seule journée de mercredi j’ai réalisé autant de chiffre d’affaires que sur les 15 jours précédents ». Une ruée qui est allée crescendo jusqu’au dernier tombé de rideau et qui devrait « aider à négocier les primes de départs ». Le coût des licenciements est estimé « à un montant minimum de 5 millions d’euros », a indiqué l’administrateur judiciaire au tribunal.



Dans les motivations de leur décision, les juges du tribunal de commerce ont mentionné l’enchaînement Gilets jaunes, Confinements et inflation sous fond de conflit armé international comme des facteurs de cette faillite d’une entreprise d’un secteur d’activité qui « traverse une période de mutation importante ». Des éléments qui ont été le « coup de grâce » pour une entreprise qui n’a pas survécu à la montée en puissance de la basket face aux traditionnelles bottines et mocassins.

En plus de ses 676 salariés mis au chômage, San Marina laisse dans sa comptabilité un trou de 55 millions d’euros, dont un peu plus de 8 millions d’euros de salaires, 3,8 millions d’euros de PGE (Prêt garantie par l’Etat), 7,9 millions d’arriérés fiscaux et respectivement 10 millions d’euros aux fournisseurs et aux bailleurs. La direction de l’entreprise a indiqué aux juges estimer à 13 millions d’euros le prix de leurs 500.000 paires de chaussures restant en stock.