Energie : Eolien, nucléaire… La France redevient exportatrice d’électricité en début d’année
Bon élève La France recommence à exporter plus d’électricité vers ses voisins européens qu’elle n’en importe, au moins provisoirement
Bonne nouvelle pour l’économie française. En ce début d’année 2023, la France est redevenue, pour la première fois depuis des mois, exportatrice nette d’électricité. Une performance due notamment à un hiver doux, une belle production éolienne et des efforts d’EDF pour rebrancher des réacteurs nucléaires. « Depuis le 1er janvier, le solde net d’exportation d’électricité s’élève à 1,4 térawattheure (TWh) », a indiqué mardi à l’AFP le gestionnaire du réseau de haute et très haute tension, RTE. Ce solde équivaut à la puissance consommée sur un an par 450.000 foyers.
La « remontada » de la production nucléaire, la douceur hivernale qui évite de pousser le chauffage et des vents favorables pour la production éolienne font que la France recommence à exporter plus d’électricité vers ses voisins européens qu’elle n’en importe, au moins provisoirement. « On a l’impression qu’on a changé de monde », a résumé auprès de l’AFP Nicolas Goldberg, expert énergie au cabinet Colombus Consulting. « La consommation extrêmement basse, des éoliennes qui produisent à fond et un nucléaire qui produit dans la moyenne prévue par RTE, tout cela fait qu’on est exportateur net d’électricité et que plus personne ne parle de coupures » de courant, explique-t-il.
Merci l’éolien
Au moment où les parlementaires ont adopté en première lecture mardi soir un projet de loi pour accélérer le développement des énergies renouvelables et rattraper un retard criant par rapport aux voisins européens, « l’énergie éolienne montre aussi qu’elle apporte un petit service en hiver », relève Nicolas Goldberg.
Dans le détail, la France a renoué, selon RTE, avec les exportations nettes dès la première semaine des vacances de Noël, soit tout l’inverse de 2022. Avec une production nucléaire historiquement basse estimée dans une fourchette de 275-285 TWh en 2022, la France avait été importatrice nette d’électricité sur presque l’ensemble de l’année (sauf février, mai et à partir de fin décembre), ce qui n’était pas arrivé depuis 42 ans. Historiquement premier pays exportateur d’électricité en Europe, la France avait dû en importer depuis l’Espagne, l’Allemagne ou le Royaume-Uni pour éviter les coupures.
La prudence est de mise
Le nucléaire devrait toutefois « décroître à nouveau à partir de février » 2023, relevait RTE fin décembre, alors que six réacteurs devront être arrêtés en 2023 pour des chantiers de corrosion. « On peut être enthousiaste, mais il faut rester prudent », souligne Nicolas Goldberg. « Tout cela peut se retourner assez vite, si en février on a peu de vent et un coup de froid », prévient l’analyste. La France devra alors puiser dans ses stocks de gaz pour produire de l’électricité et aborderait l’hiver 2023-2024 avec moins de marge.
En attendant, la baisse de la consommation électrique est confirmée par les dernières mesures publiées mardi soir par RTE. La semaine dernière, la consommation a diminué de 8,9 % par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019) à la même période, selon des chiffres arrêtés au 8 janvier, retraités des effets calendaires et météorologiques. Un recul qui se maintient également côté gaz naturel : hors production électrique à partir du gaz, la consommation française a baissé de 16,6 % entre le 1er août et le 8 janvier, selon GRTgaz.