Crise énergétique : Les aides promises suffiront-elles à sauver les artisans ?
DifficultEs Une grosse majorité d’artisans sont touchés par la hausse des prix de l’énergie. Certains gros consommateurs, comme les bouchers et les boulangers, sont en grande difficulté. A quelles aides ont-ils droit ?
Face à la crise énergétique, nombreux sont les artisans à mettre la clé sous la porte. Pour les plus gros consommateurs, comme les boulangers ou certains bouchers, la situation est critique.
Les prix de l’énergie sur les marchés ont augmenté à partir de 2021, au redémarrage général de l’économie après la pandémie de Covid-19. Cette tension classique offre/demande s’est aggravée en 2022 avec la guerre en Ukraine et la volonté de s’affranchir du gaz russe qui couvrait 40 % des besoins en Europe.
Pour les ménages, grâce au bouclier tarifaire et au gel du tarif réglementé instauré par le gouvernement, la hausse n’a pas été immédiate. Mais pour les commerçants, le contrecoup a été immédiat.
Certains commerçants souffrent-ils plus que d’autres ?
Les boulangers sont l’une des professions les plus exposées à la flambée des prix de l’énergie : 80 % ne sont pas éligibles au bouclier tarifaire, selon leur confédération.
Environ 40 % des bouchers-charcutiers sont concernés, surtout en province là où ils ont assez d’espace pour avoir un laboratoire de fabrication, avec des fours, hachoirs, rôtisseuses et chambres froides, selon leur confédération.
Les aides de l’Etat sont-elles automatiques ?
Il y a deux aides différentes. L’aide au paiement des factures d’électricité et de gaz peut être demandée sur le site des impôts. La facture d’énergie doit dépasser 3 % du chiffre d’affaires et il faut prouver qu’elle a doublé.
Depuis le 1er janvier, un « amortisseur électricité » est versé presque automatiquement aux petites et moyennes entreprises de moins de 250 salariés et moins de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’aide, versée à condition que la hausse de la facture d’énergie atteigne au moins 50 %, correspond à environ 20 % du total de la facture, selon Bercy.
Ces aides suffisent-elles ?
Les aides à la trésorerie annoncées mardi, comme l’étalement du paiement des cotisations Urssaf, des impôts ou de la facture d’énergie, sont « des mesurettes », fustige Jean-François Guilhard, président de la confédération de la boucherie, charcuterie, traiteurs (CFBCT).
Plusieurs boulangers s’attendent à des factures multipliées au moins par deux à partir de janvier, et ne pourront pas répercuter ce surcoût sur leurs prix de vente. Une partie de la profession prévoit de manifester le 23 janvier, à Paris.
Faut-il changer de contrat ou de fournisseur ?
Les professionnels qui avaient souscrit un contrat à prix fixe restent protégés jusqu’à la fin de ce contrat, où ils seront censés faire jouer la concurrence. Certains, utilisant l’électricité avec une puissance inférieure à 36 kVA, ont droit au tarif électrique réglementé, à condition de réaliser moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
En cas de hausse « prohibitive », les boulangers pourront résilier leur contrat sans frais, a annoncé mardi le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire.