Connectée, autonome et ouverte 24/24, Api révolutionne l’épicerie de village
COMMERCE•Api ambitionne d’implanter 600 supérettes autonomes et connectées au cœur de villages français dans les cinq prochaines annéesMickaël Bosredon
L'essentiel
- Api est un nouveau concept de supérette, installée dans un mobile-home de 40 m2 et ouverte 7/7 jours et 24h/24, qui ambitionne de redynamiser le secteur rural.
- L’entrée du commerce se fait par un QR code généré par une application, et chaque magasin proposera 700 références de produits.
- Un gestionnaire pour cinq magasins assurera néanmoins une présence humaine à heures fixes, pour échanger avec les clients et les accompagner si besoin.
Hausse du prix du carburant, montée du télétravail, démocratisation du numérique… La directrice générale Marie-Laure Basset le reconnaît : il y a comme un « alignement des planètes » au moment de lancer Api, nouveau concept de supérette autonome et connectée en milieu rural, dont l’idée est importée de Suède.
Imaginé par Julien Nau, Alex Grammatico et Jean Luc Treillou, Api a ouvert il y a quelques jours son premier point de vente à Claix (Charente). L’ambition est de réinventer la supérette. « On peut continue à le rêver, mais le modèle traditionnel de l’épicerie de village ne fonctionne plus, analyse Marie-Laure Basset, il faut donc trouver une autre solution pour redynamiser le secteur rural. » Et cette idée, c’est un mobile-home de 40 m2 proposant 700 références de produits, accessible 24h/24 et 7/7 jours grâce à un QR code qui permet l’ouverture des portes, avec paiement par carte bancaire.
Prix accessibles
Ingénieure agronome, Marie-Laure Basset a passé vingt-cinq ans dans l’agroalimentaire, un milieu qu’elle connaît sur le bout des doigts, au travers de ses expériences chez Marie (plats cuisinés) et Room Saveurs (livraison de plateaux-repas pour les entreprises). Elle a rapidement conclu que l’idée d’Api ne pourrait fonctionner qu’en s’adossant à des poids lourds, et en réalisant des économies d’échelle.
« Nous sommes en partenariat avec un des leaders de la fabrication de mobile-home, et avec Carrefour pour les produits, car il nous est très vite apparu que pour alimenter ces magasins, il nous fallait un acteur de la grande distribution capable de gérer l’approvisionnement et la logistique jusqu’à chaque point de vente. Il nous faut par ailleurs des prix accessibles, car c’est un des facteurs d’échec des épiceries de village, qui sont souvent obligées de pratiquer des prix plus élevés qu’en supermarché. »
Les communes ciblées doivent compter au minimum 750 habitants
Après l’ouverture du premier commerce, « nous voulons implanter les magasins par grappes de cinq, ce qui est plus intéressant d’un point de vue logistique. Cela nous permettra de tenir un modèle de supérette viable économiquement. » Api vise d’abord la Charente et la Charente-Maritime, « et notre objectif est d’en implanter quarante en Nouvelle-Aquitaine d’ici à fin 2023, et 600 en France d’ici cinq ans. »
Les communes ciblées doivent compter au minimum 750 habitants, ne pas être déjà équipées d’une supérette, et se situer à une demi-heure aller-retour minimum d’une grande surface. « On ne remplacera évidemment pas la grande surface, mais dans cette période de forte inflation, notamment du carburant, notre idée est de participer à la défense du pouvoir d’achat. » Un permis de construire doit être déposé pour l’installation du mobile-home, « et nous demandons à la mairie de nous viabiliser un terrain, mais avons juste besoin d’un raccordement électrique, même pas de point d’eau. »
« L’offre pourra évoluer en fonction des magasins »
Il s’agira de magasins autonomes, « dans le sens où on veut rendre les gens autonomes : ils peuvent venir un samedi soir à 22 heures sans l’aide de personne. » Mais une présence humaine sera quand même assurée, avec l’embauche d’un gestionnaire pour cinq magasins. « Il sera présent dans chaque supérette à heures fixes, et aura dans ses missions d’échanger avec les clients, et de les accompagner, notamment dans la création du compte qui génère le QR code, car même si celui-ci s’est généralisé à la faveur de la crise du Covid-19, il reste un sujet de fracture numérique dans le monde rural », admet Marie-Laure Basset.
En matière de produits, chaque magasin couvrira tous les rayons. « Nous proposons un grand linéaire frais, du surgelé, des fruits et légumes, des boissons mais pas d’alcool, des produits d’hygiène, pour les animaux… L’offre pourra évoluer en fonction des magasins : si nous sommes à proximité d’axes routiers à fort trafic, peut-être aurons-nous une offre très forte sur le snacking, ce qui n’aura aucun intérêt ailleurs. Et nous compléterons aussi nos produits avec des producteurs locaux. »
A terme, la chaîne espère pouvoir proposer d’autres services, « comme un coin relais colis ou des partenariats avec le secteur médical, dans l’idée de recréer une place du village. » Api vise un chiffre d’affaires de 200.000 euros par magasin et par an, la rentabilité devant être atteinte « à partir d’une centaine de magasins ».