Inflation : Bruno Le Maire affirme qu’il n’y a pas de profiteurs dans l’alimentaire
POUVOIR D’ACHAT Selon un rapport de l’IGF, la hausse des prix dans l’alimentaire résulte de plusieurs facteurs, dont la guerre en Ukraine et la reprise après la crise sanitaire
Pour Bruno Le Maire, le secteur de l’alimentation ne doit pas être pointé du doigt dans la crise actuelle. « Il n’y a pas eu de profiteurs de l’inflation dans l’alimentaire », affirme en effet le ministre de l’Economie dans une interview au journal Le Parisien publiée samedi.
Dans un contexte où le taux d’inflation des produits alimentaires s’est approché des 12 % sur un an en octobre, « j’ai demandé à l’Inspection générale des finances (IGF) de faire une étude ». « La conclusion est sans appel [...]. Ni les agriculteurs ni les distributeurs, ni l’industrie agroalimentaire n’ont pris au passage de rémunération excessive ».
Pas « de hausses abusives » selon plusieurs rapports
Selon le rapport, « au total, la hausse des prix des produits alimentaires résulte de la combinaison de plusieurs facteurs : guerre en Ukraine, reprise post-Covid, réchauffement climatique, crise sanitaire animale et divers facteurs de nature économique ».
Fin juin, le président du comité stratégique des magasins E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, avait déploré que « la moitié des hausses demandées » par les industriels dans le cadre de renégociations sur le prix des denrées destinées à être vendues par les grandes surfaces n’étaient « pas transparentes » et étaient « suspectes ». Un rapport sénatorial publié le 19 juillet avait toutefois conclu qu’à l’exception de quelques « cas particuliers » il n’était pas observé de « phénomène généralisé de hausses abusives ». Quelques jours plus tard, un rapport des députés Aurélie Trouvé (LFI) et Xavier Albertini (Horizons) n’avait pas davantage permis de déceler « des comportements abusifs systémiques de la part des industriels ou des distributeurs ».
De son côté, l’IGF a sélectionné un échantillon de 12 produits alimentaires du quotidien et a étudié l’évolution dans le temps de la marge brute des différents acteurs de la chaîne de production. L’analyse révèle d’une part « que l’industrie agroalimentaire a comprimé ses marges » et d’autre part que « la grande distribution n’a pas contribué à renchérir les prix à la consommation des produits alimentaires ».
Malgré ce partage de l’effort, et une inflation inférieure en France à celle d’autres pays européens, l’IGF souligne qu’en un an, « certains produits alimentaires ont connu des hausses de prix particulièrement élevées avec par exemple +60 % pour les huiles, +22 % pour la farine, +20 % pour les pâtes et +16 % pour la volaille. »
Bientôt une « convention sur le partage de la valeur »
Bruno Le Maire propose en outre d’organiser début 2023 une « convention sur le partage de la valeur », au sein du parti Renaissance. Il souhaite y associer « économistes, chefs d’entreprise, salariés et groupes d’opposition ».
Enfin, il rappelle son intention que la France mette en place « un impôt minimum mondial sur les sociétés à 15 % début 2023 », si aucun accord n’intervient au niveau européen d’ici décembre. Les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne mettront en place une taxation nationale similaire « dans le même calendrier », conformément à un engagement pris en septembre.