Pénurie de carburant : Si « Total acceptait d’augmenter de 10 % les salaires », ce serait la fin de la grève selon Garrido
LIVE Retrouvez toutes les actualités de cette nouvelle journée de grève dans les raffineries et les dépôts pétroliers
L’essentiel
- Depuis trois semaines, les salariés des raffineries de Total et d’Esso sont en grève pour réclamer de meilleurs salaires, entraînant des pénuries de carburants dans tout le pays. Un tiers des stations-service est affecté par ce mouvement.
- Faute d’accord trouvé entre la direction de TotalEnergies et la CGT, la grève a été reconduite ce dimanche dans les raffineries et dépôts du groupe.
- La grève s’est étendue dans le secteur de l’énergie, notamment à la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord, en attendant la journée de grève interprofessionnelle de mardi.
A VOIR
A LIRE AUSSI
Des livraisons ponctuelles de carburant ont pu se faire depuis la raffinerie TotalEnergies de Donges, près de Saint-Nazaire, samedi. « Nous avons ouvert ces robinets pour détendre l’atmosphère. L’objectif n’est pas de diviser les Français, de créer des tensions, l’objectif est maintenant de rassembler les Français autour d’une même revendication », indique la CGT.
La députée Raquel Garrido (LFI) estime au micro de BFMTV que « si Patrick Pouyanné, à Total, acceptait d’augmenter de 10 % les salaires, c’est évident que les gens accepteraient d’aller travailler ». Le mouvement de grève dans les raffineries a commencé il y a trois semaines.
La situation est contrastée selon les départements avec 27,3 % des stations françaises concernées ce dimanche en fin de journée. Si en Île de France les problèmes d'approvisionnements se font sentir de façon marquée, d'autres départements sont moins concernés comme le Finistère, selon France Info. Une situation qui s'explique par un approvisonnement par bateau, de pétrole déjà raffiné, à Lorient et Brest. De la même façon les départements de l'arc Atlantique semblent moins touchés.
Dans la marche contre la vie chère initiée par la Nupes ce dimanche, Jacques Montal, cheminot retraité venu du Lot confie à l’AFP que « les réquisitions des raffineries ça va très loin ». « Aujourd’hui est une première étape, mardi je pense qu’il y aura un mouvement fort. Et c’est fort possible que ça se poursuive après mardi ».
Elisabeth Borne est l'invitée du journal de 20 h de TF1 ce dimanche soir. Elle répondra notamment, en direct, aux questions en lien avec la pénurie de carburant qui touche l'Hexagone.
La pénurie de carburant continue d’échauffer les esprits des automobilistes. Ainsi, samedi soir, dans le Val-d’Oise, un homme de 51 ans a été frappé par plusieurs personnes dans une file d’attente à une station-service sur la commune de Herblay-sur-Seine. Selon Le Parisien, la victime a klaxonné un automobiliste qui tentait de griller la priorité à la pompe. Il a été hospitalisé sans pouvoir être entendu, mais ses jours ne sont pas en danger. Les auteurs des coups sont toujours recherchés.
Ce dimanche, chez nos confrères de France Info, Mathilde Panot, députée et présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, a déclaré que « si les ouvriers de Total n’arrivent pas à obtenir des augmentations de salaire, personne ne les aura dans le pays. C’est une grève d’intérêt général. »
« Quand les raffineurs, les éboueurs ou les postiers font grève, cela gêne les gens car ce sont des boulots hyper utiles, indispensables », a déclaré le porte-parole du NPA, Philippe Poutou. Il a ajouté, taquin, que « s’il y avait grève du gouvernement, des actionnaires, ou des éditorialistes de BFM pendant deux semaines, ça ne gênerait pas grand monde. »
Interrogée du BFM, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a assuré que 27,3 % des stations-service du territoire « sont en difficulté », soit une « légère amélioration ».
C’est, selon elle, encore plus vrai dans les Hauts-de-France, où ce chiffre baisse à 22 %. A noter que la ministre entend par « station en difficulté » une station qui fait face à au moins une rupture d’un carburant.
Dans un long thread sur Twitter, le député LFI François Ruffin donne la parole à Mélissa, employée dans une station-service TotalEnergies en Normandie. « On est en franchisé. Les locaux appartiennent à Total, l'essence vient de Total, sur nos tenues y a marqué Total, les objectifs de vente sont fixés par Total. C'est Total partout, sauf sur la fiche de paie », explique l'employée, mère de famille avec trois enfants.
Ce dimanche, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a estimé que les « 150 personnes des raffineries » en grève chez TotalEnergies, à l’appel de la CGT, « prennent les Français en otage » et « qu’il faut passer aux réquisitions ».
« Ce n’est pas une grève normale, le droit de grève a des limites. Les infirmières ne peuvent pas aller visiter leurs patients, les salariés ne peuvent pas aller travailler, l’ensemble du pays est bloqué, les pompiers, les taxis […] Si on fait encore une semaine comme cela, avec ce type de pénurie d’essence, ça risque vraiment d’avoir un impact sur l’économie », a jugé le patron des patrons au micro de Radio J.
Le Service de l’énergie opérationnelle, autrement dit les pompistes de l’armée, s’entraîne, ce dimanche, à faire passer ses camions-citernes sur des barges pour approvisionner les troupes. « Cette période particulière dans notre pays nous le démontre, […] l’histoire est peuplée d’offensives stoppées par pénurie de carburant », a déclaré à ce propos le général Pierre-Yves Rondeau, commandant de la 1re division Scorpion des Forces Terrestres.
Invitée de l’émission BFM Politique, ce dimanche, Marine Le Pen (RN) a de nouveau proposé une baisse de la TVA sur l’énergie de 20 % à 5,5 % : « On s’aperçoit aujourd’hui que l’énergie est un bien de 1re nécessité, un bien essentiel. Il est donc normal qu’elle soit à 5,5 % », a-t-elle déclaré.
Dans les colonnes de nos confrères du Journal du dimanche (JDD), le patron de FO, Frédéric Souillot, assure que les syndicats ne recherchent pas « l’enlisement du conflit » malgré une reconduction de la grève, ce dimanche. Le syndicaliste rejette même la responsabilité sur le gouvernement, qu’il accuse « d’atteinte au droit de grève » avec l’usage des réquisitions de salariés.
La contestation sociale qui a démarré dans les raffineries gagne d’autres secteurs. Le syndicat Sud-Rail, troisième organisation représentative à la SNCF, va proposer aux cheminots une grève reconductible à partir de mardi, journée de grève interprofessionnelle pour les salaires lancée par la CGT, FO, Solidaires, FSU ainsi que des mouvements de jeunesse.
La CGT Cheminots et Sud-Rail, premier syndicat représentatif, avait appelé dès jeudi les salariés de la SNCF à la grève pour des hausses de salaires. « On fera des assemblées générales le mardi 18 octobre un peu partout en France et on posera la question de la grève reconductible », a indiqué dimanche à l’AFP Fabien Villedieu, délégué syndical Sud-Rail, confirmant une information de BFMTV.
Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a jugé dimanche « inacceptable la poursuite de blocages » dans cinq raffineries de TotalEnergies « alors même que des accords majoritaires ont été trouvés pour revaloriser les salaires », lors du « Grand rendez-vous » Europe1/CNews/Les Echos.
« Evidemment qu'il y a un droit de grève, mais à un moment le pays doit aussi pouvoir fonctionner. Ce qui est certain c'est que vous avez quelques syndicalistes qui parfois donnent l'impression de s'assoir sur les intérêts de millions de Français », a déclaré dimanche le ministre.
La Première ministre Elisabeth Borne sera l’invitée dimanche soir du JT de 20 heures de TF1 « pour parler de la pénurie de carburant ». L’interview de la cheffe du gouvernement va intervenir également au soir d’une « marche contre la vie chère et l’inaction climatique » à Paris, à l’initiative de LFI, et à l’avant-veille d’une journée de « mobilisation et grève » interprofessionnelle à l’appel notamment de la CGT.
Pour rappel, ce sont 27,3 % des stations-service qui étaient « en difficulté » (rupture d’au moins un produit) samedi matin, a déclaré la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sur BFMTV, soit une « légère amélioration » par rapport à la veille (28,5 %).
A La Réunion, la remise de 20 centimes accordés par TotalEnergies sur le carburant n’est toujours pas appliquée, en raison d’une opposition du syndicat des stations-service. Pour justifier cette opposition, les détaillants en carburant, qui revendiquent environ 1.700 salariés, dont des pompistes, un métier porté disparu dans l’Hexagone, avancent l’argument de l’emploi.
Pour l’heure, seule la remise forfaitaire de 25 centimes par litre, financée par l’État est appliquée dans cette île de l’océan Indien qui compte 860.000 habitants. Cette particularité embarrasse le gouvernement. « Je ne suis pas content de ce que je n’ai pas réussi à faire », a déclaré mardi, devant la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale, Jean-François Carenco, à propos de l’échec de ses discussions en juillet dernier avec les dirigeants du syndicat réunionnais des exploitants de stations-service.
C’est parti pour une nouvelle journée à suivre les évènements autour de cette grève et de la pénurie qui en découle. Le mouvement se poursuit ce dimanche dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies, faute d’accord avec la CGT sur des hausses de salaires, entraînant des conséquences toujours importantes sur de nombreux secteurs d’activité affectés par le manque de carburants.