Occitanie : Pourquoi la marque Sud de France pourrait bientôt disparaître des bouteilles de vin

VITICULTURE Les professionnels sont vent debout contre la suppression de ce logo créé en 2006

Nicolas Bonzom
La marque Sud de France a été créée en 2006
La marque Sud de France a été créée en 2006 — N. Bonzom / Maxele Presse
  • La marque Sud de France a été créée en 2006, en Languedoc-Roussillon, pour tenter d’identifier les produits du coin, notamment sur le marché international.
  • Mais la préfecture ne veut plus de ce logo sur les bouteilles de vin, cette dénomination ne correspond pas à une indication géographique précise.
  • Les professionnels, eux, sont vents debout contre cette décision.

La marque Sud de France est partout, en Occitanie. Une multitude de fruits, de légumes, de viandes, de confitures, de biscuits, de bonbons, de miels ou de vins fabriqués dans la région sont estampillés de son incontournable logo. Créée en 2006 par Georges Frêche, alors président du Languedoc-Roussillon, la marque avait pour défi d’identifier plus clairement, en particulier sur le marché international, les produits fabriqués dans le coin. Notamment, bien sûr, les vins. Mais la préfecture ne l’entend plus de cette oreille. Car cette dénomination est bien trop floue, et ne correspond… à rien de concret.

« La réglementation européenne relative au secteur viticole réserve l’utilisation d’une mention géographique aux seules étiquettes des vins bénéficiant d’une AOP [Appellation d’origine protégée] ou d’une IGP dont le cahier des charges prévoit la référence spécifique à une unité géographique plus grande que celle de l’AOP ou de l’IGP », expliquent les services de la préfecture d’Occitanie, à 20 Minutes.

Une IGP, oui. Sud de France, non

Or, « la dénomination Sud de France ne correspond pas à une zone géographique au sens réglementaire et il n’est donc pas possible de l’intégrer dans les cahiers des charges des AOP ou IGP concernées, poursuivent les services de l’Etat. Par définition, la marque Sud de France ne peut pas non plus être utilisée sur les étiquettes de vins sans indication géographique. » Pour résumer, annoter une Indication géographique protégée (IGP) sur les bouteilles, oui. « Sud de France », non.

Les professionnels de la viticulture, eux, sont vent debout contre cette décision. Il serait dramatique, assurent-ils, de ne plus afficher la marque Sud de France sur les étiquettes des bouteilles de vins, tant elle a contribué au succès des crus régionaux. « De nombreux marchés, notamment à l’export, ont pu être développés grâce à cette marque », écrivait, le 17 août dernier, une dizaine de présidents de syndicats viticoles et d’indications géographiques protégées, dans un courrier au préfet d’Occitanie.

« On va continuer à se battre »

« L’arrêt brutal de la marque serait incompréhensible pour nos partenaires en France et à l’export et pour nos consommateurs, expliquent ces professionnels. L’enjeu d’image est majeur (…) Les efforts financiers importants de la région pour déployer la notoriété de cette marque ont permis de conforter les investissements volontaires des metteurs en marché. La suppression soudaine de la marque Sud de France des étiquettes représenterait un gaspillage de fonds publics et privés, provoquerait une perte de valeur pour la filière vin de la région et des coûts de marketing et de logistique pour le changement des étiquettes pour de nombreuses entreprises. »

La marque Sud de France est particulièrement forte à l'international, selon les professionnels
La marque Sud de France est particulièrement forte à l'international, selon les professionnels - N. Bonzom / Maxele Presse

« Comment expliquer à un client de Houston, aux Etats-Unis, que depuis 15 ans, il est écrit Sud de France sur nos étiquettes, et qu’il faut désormais l’enlever ? », s’interroge Denis Verdier, le président de l’IGP Sud de France au Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc. Pour ce professionnel, cette marque est indispensable, et complémentaire des indications géographiques protégées. « Ce client, qu’est-ce que vous voulez qu’il sache ce que c’est que l’IGP Hérault, l’IGP Saint-Guilhem-le-Désert, ou l’IGP Pont-du-Gard ? », poursuit-il. « On va continuer à se battre. »

Une phase transitoire

Les politiques, aussi, se rebellent. Carole Delga (PS), la présidente de la région Occitanie s’est fendue d’une lettre au ministre de l’Agriculture pour lui préciser les dégâts pour la viticulture que constituerait la suppression de ce petit logo sur les bouteilles. Plusieurs sénateurs ont également envoyé une missive au ministère.

Devant cette bronca, le préfet a toutefois accepté, le 24 août, de mettre en place « un accompagnement de la profession par les services de l’Etat », dans une phase de transition « d’ici au millésime 2023 ». Un groupe de travail avec les professionnels et la préfecture a été créé. Ils se réuniront après les vendanges, dans le courant du mois de septembre. Mais, à moins d’un retournement de situation, la présence de la marque Sud de France, sur les bouteilles, semble bel et bien condamnée.