Patrimoine : Toucher un héritage, forcément le jackpot ? Pourquoi c'est loin d'être vrai

INFOGRAPHIE L’héritage n’a que peu d’influence sur le statut social ou la vie des successeurs, montre un rapport de l’Observatoire des inégalités

Jean-Loup Delmas
L'héritage ne changera probablement pas grand chose à votre vie en vérité
L'héritage ne changera probablement pas grand chose à votre vie en vérité — Pixabay
  • Un héritage va-t-il changer votre vie ? Derrière le mythe de la succession qui permet de se constituer une fortune, les héritages changent en réalité peu de choses au statut social, selon un rapport de l’Observatoire des inégalités.
  • Car, montre-t-il, l’héritage creuse davantage les différences de richesse qu’il ne les résorbe.
  • 20 Minutes vous explique en quatre graphiques comment une succession ne changera pas, mais au contraire accentuera, votre statut social.

Héritage, testament, patrimoine… Ces mots ont déjà forcément déjà trotté dans votre esprit, et ils ont peut-être même été à l’origine de débats houleux en repas de famille ou chez le notaire. Mais derrière le mythe de l’oncle riche exilé en Amérique qui permettra à toute la famille de vivre grassement après sa mort, l’héritage est-il un vrai game changer dans une vie ? Ou les Français ont-ils tendance à trop en faire sur le sujet ?

L’Observatoire des inégalités vient de publier un rapport sur les riches en France. Y est notamment consacré un chapitre sur l’héritage, avec des chiffres sur son véritable impact au cours d’une vie. 20 Minutes fait le point en quatre graphiques. Et attention aux désillusions.

Un héritage, pas pour tout le monde



Premier enseignement du rapport, l’héritage, ce n’est vraiment pas pour tous. En dessous de 60 ans, la majorité des foyers français n’en a reçu aucun. Avant 40 ans, 81 % des foyers n’ont pas touché de succession. Et après 60 ans, ils sont toujours 46 % à ne rien avoir touché. Conclusion pour Louis Maurin, sociologue et directeur de l’Observatoire des inégalités : « Environ la moitié des Français ne touchera jamais d’héritage, et ceux qui le toucheront le feront généralement très tard. Ce n’est donc pas quelque chose qui change une vie en cours dans la plupart des cas ». Et à l’instant T, seuls 37 % des ménages avaient reçu un héritage en 2018, selon l’Insee.

Dans 66 % des cas, un héritage inférieur à 30.000 euros



 

Lorsqu’on parle d’héritage, il ne faut pas s’attendre à des sommes folles : 87 % sont inférieurs en France à 100.000 euros, 66 % inférieurs à 30.000 euros et même 39 % sous les 8.000 euros. « 8.000 euros, c’est une somme non négligeable, bien sûr, mais cela ne permet pas de changer de vie ou de statut social. L’héritage est un bonus, pas un bouleversement majeur, dans la majorité des cas », poursuit Louis Maurin. Qui ajoute : « Ce que montre cette étude, c’est que votre profession change beaucoup plus votre niveau de vie que votre héritage. »

Une somme dépendant de la catégorie professionnelle…



La somme de l’héritage perçu dépend en grande partie de la catégorie socioprofessionnelle. Ainsi, la part d’ouvriers (qualifiés ou non) recevant un héritage supérieur à 100.000 euros est tellement peu significative qu’elle n’apparaît pas dans les pourcentages. Au contraire, plus d’un quart des agriculteurs, artisans, commerçants, chefs d’entreprise et professions intermédiaires recevront un tel montant de succession. Même s’il faut se méfier des données brutes, note Louis Maurin : « Pour les professions indépendantes notamment, une bonne partie de l’héritage, ce sont en réalité des outils de travail légués pour poursuivre le métier ».

… et de son propre patrimoine



Les héritages de plus de 100.000 euros profitent la plupart du temps à des personnes ayant déjà un patrimoine supérieur à 100.000 euros, montre le rapport. « Ces sommes concernent des familles déjà fortunées, dont les héritiers n’ont pas attendu l’héritage pour être riche. L’héritage n’est pas un changeur social, c’est un développeur d’inégalités, puisque dans l’écrasante majorité des cas, les riches s’auto-entretiennent entre eux », conclut Louis Maurin.