Logement : Tout comprendre à la réglementation RE2020

VIE PRATIQUE Après la réglementation thermique 2012, c’est à présent au tour de la réglementation environnementale 2020, dite RE2020, de remplir cette mission

J.P. pour 20 Minutes
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Un immeuble en construction.
Un immeuble en construction. — iStock / City Presse

Voilà neuf ans que les professionnels construisent les bâtiments en fonction de normes énergétiques établies en 2012. Mais c’est désormais fini. Après plusieurs reports, la réglementation environnementale 2020, dite RE2020, est entrée en vigueur le 1er janvier 2022. On vous explique ce qui change.

Des objectifs toujours plus grands

Le secteur du bâtiment a un rôle-clé à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Selon les chiffres du gouvernement, il représente en effet 44 % des consommations énergétiques nationales et près de 25 % des émissions de CO2. Entre autres leviers d’action, l’État a entrepris d’imposer des normes de plus en plus strictes de construction, afin de tendre progressivement vers la neutralité énergétique.

Si l’on a par exemple vu la création du label « bâtiment basse consommation » (BBC) dans le cadre de la réglementation technique de 2005 (RT2005), cette dernière acceptait toutefois une consommation énergétique de 250 kWh/m²/an pour le reste des édifices neufs. La réglementation thermique de 2012 (RT2012) a donc constitué une véritable avancée puisqu’elle a limité ce seuil à un maximum de 50 kWh/m²/an, soit l’équivalent du label BBC de la RT 2005, tout en imposant des exigences de résultat en matière de conception du bâtiment, de confort, de consommation d’énergie et dans les moyens pour y parvenir.

Poursuivant cette logique, la nouvelle réglementation environnementale 2020 va encore plus loin avec en ligne de mire la neutralité carbone d’ici à 2050.

Carbone, efficacité et confort

Pour la première fois, l’empreinte carbone des constructions va être mesurée et limitée sur la totalité du cycle de vie des bâtiments. Il s’agit donc de prendre en compte l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre, que ce soit à travers les produits et équipements de construction utilisés lors du chantier mais aussi une fois installés, sans oublier l’impact des systèmes énergétiques choisis. Les enjeux sont d’autant plus grands qu’il est prévu de durcir les seuils d’émissions tous les trois ans entre 2022 et 2031.

En parallèle, la RE2020 intensifie les exigences de la RT2012 en matière d’efficacité énergétique, en insistant notamment sur la performance de l’isolation à travers le renforcement de l’indicateur de besoin bioclimatique, dit Bbio. Cet indice est dès lors réduit de 30 % dans les constructions neuves par rapport à la RT2012 et intègre en plus les besoins en froid, afin d’améliorer le confort d’été. Face aux épisodes caniculaires de plus en plus nombreux, il est apparu essentiel que les futurs bâtiments protègent mieux leurs habitants de ces extrêmes chaleurs.

Tous concernés

Les exigences de la RE2020 auront des répercussions sur les choix constructifs de votre chantier. Les habitations neuves sont en effet les premières ciblées par ces nouvelles normes qui s’appliquent à tous les projets de maisons individuelles et de logements collectifs pour lesquels un permis de construire a été déposé depuis le 1er janvier 2022. Les édifices de bureaux et d’enseignement suivront à compter du 1er juillet 2022.

Petite exception à la règle : les habitations de moins de 50 m2, de même que les extensions de bâtiments d’une surface inférieure à 150 m2, ainsi que les habitations légères de loisirs et autres constructions provisoires ne seront soumises à la RE2020 qu’à partir du 1er janvier 2023.

Les gagnants et les perdants

Les exigences de la RE2020 ont des conséquences importantes sur les filières de construction et les matériaux utilisés. L’ossature bois et les matériaux biosourcés sortent en particulier grands gagnants de la méthode de calcul retenue pour évaluer l’empreinte carbone des bâtiments puisqu’ils émettent peu de gaz à effet de serre lors de leur fabrication et captent du CO2 au cours de leur durée de vie au sein de la construction.

À l’inverse, les solutions de chauffage utilisant exclusivement du gaz sont notamment vouées à disparaître sous l’effet de la RE2020 qui prône l’utilisation d’énergies peu carbonées. Pour installer une chaudière à gaz dans votre nouvelle maison, il faudra alors la combiner avec un chauffe-eau thermodynamique ou du solaire.

De façon générale, le choix d’énergies fossiles est d’ailleurs découragé au profit d’alternatives renouvelables. En revanche, la filière électrique a une belle carte à jouer puisque panneaux solaires et autres pompes à chaleur électriques sont plébiscités par la réglementation.