Russie : Les producteurs de Champagne changent leurs étiquettes pour continuer à être vendu sur le territoire

ALCOOL Le terme de « vin mousseux » sera désormais mentionné sur les contre-étiquettes rédigées en cyrillique

T.G. avec AFP
Le « Champanskoïe » russe sera le seul à pouvoir écrire « champagne » sur ses contre-étiquettes en cyrillique.
Le « Champanskoïe » russe sera le seul à pouvoir écrire « champagne » sur ses contre-étiquettes en cyrillique. — Alexander NEMENOV / AFP
  • Les producteurs de Champagne avaient hurlé au scandale début juillet, quand la loi russe a été promulguée. Mais ce 1er janvier 2022, ils vont s’y conformer.
  • Sur les contre-étiquettes en cyrillique de leurs bouteilles vendues sur le territoire russe, ils n’écriront plus leur prestigieuse appellation. Mais « vin mousseux ».
  • Le prestigieux terme est réservé à la production locale de « Champanskoïe ».

Ne pas confondre « Champanskoïe » et « Champagne ». En  Russie, les consommateurs ne devraient plus se tromper à partir de ce 1er janvier 2022. Les producteurs français du précieux breuvage ont en effet dû se résigner à respecter les nouvelles exigences russes. Qui les oblige donc à ne plus laisser leur célèbre appellation écrite en alphabet cyrillique sur les contre-étiquettes de leurs bouteilles vendues sur le territoire  russe.

La dénomination est maintenant réservée à la production locale de « Champanskoïe », un vin pétillant. Le Champagne AOC est lui remplacé par du « vin mousseux », ce que réclame la Russie depuis une loi du 2 juillet.

Cette disposition avait alors suscité une forte indignation des producteurs et distributeurs de champagne, pris de court par cette mesure soudaine et soucieux de protéger leur appellation d’origine. Plusieurs ministres français avaient vivement protesté. Paris avait fini par obtenir de Moscou, fin octobre,  un moratoire de deux mois sur l'application des nouvelles règles russes, afin notamment d’écouler leurs stocks déjà étiquetés et parfois déjà expédiés.

Un moratoire utile

Ce moratoire sur les contrôles « a joué son rôle », déclare aujourd’hui le Comité Champagne. « Il a donné le temps aux entreprises champenoises de s’adapter et de faire évoluer leur étiquetage pour se conformer à la nouvelle réglementation russe », souligne ce comité interprofessionnel qui réunit les vignerons et les négociants de l’appellation. « Il a permis de s’assurer que les marchandises qui avaient été envoyées avant le mois de juillet et qui n’étaient pas conformes à la nouvelle réglementation allaient pouvoir être vendues et consommées » avant que les agences chargées du contrôle ne commencent leurs inspections, selon la même source.

Dès le 4 juillet, Moët Hennessy (groupe LVMH) avait annoncé son intention de respecter la nouvelle législation en vigueur, en procédant à des ajustements sur ses étiquettes dès que possible.

Pour autant, les Champenois entendent bien continuer leur combat de longue haleine sur la reconnaissance par la Russie de leur appellation d’origine et la défense du nom champagne, avec le soutien du gouvernement français. Lors d’une réunion du Conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe (Cefic) la semaine dernière, la France et la Russie « sont convenues de continuer à discuter dans les prochains mois de la nouvelle législation russe du 2 juillet et de la question de l’étiquetage », déclare l’entourage du ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester.

« Je suis assez optimiste pour l’avenir »

« Nous restons mobilisés, en lien avec la Commission européenne, pour continuer à avancer sur ce dossier et défendre notre secteur des vins et spiritueux, notamment le champagne », ajoute-t-on au ministère.

De leur côté, les professionnels du champagne se sont rendus en Russie en novembre pour rencontrer les producteurs russes. Ces derniers « sont en train de développer leurs propres filières d’excellence au niveau du vin », déclare Maxime Toubart, président du Syndicat Général des Vignerons de la Champagne, qui participait au voyage.

« Cette montée en gamme nous sert », estime M. Toubart, qui est aussi coprésident du Comité Champagne. Il espère « qu’à moyen terme », les producteurs russes finiront par abandonner la dénomination "Champanskoïe" pour créer leurs propres appellations.

Les États-Unis et la Russie « sont les deux derniers pays principaux où l’appellation d’origine champagne n’est pas pleinement protégée », note le Comité Champagne. « Globalement, je pense que la Russie pourrait partager avec nous l’importance des appellations d’origine, donc je suis assez optimiste pour l’avenir », a déclaré Franck Riester lors d’un déplacement mi-novembre à Washington.

La Russie est le quinzième marché d’exportation du champagne avec 1,8 million de bouteilles vendues en 2019, ce qui représente 1,5 % des ventes totales de champagne, selon le Comité Champagne. Mais « c’est un marché porteur et valorisant. Les consommateurs russes aiment les grandes cuvées et ils dégustent également du champagne à l’occasion de leurs voyages » en France, souligne-t-il.