Fin du « quoi qu'il en coûte » : Les secteurs prioritaires attendent du sur-mesure
CRISE•Alors que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé la fin des aides généralisées pour les entreprises à la rentrée, « 20 Minutes » fait le point sur les besoins des secteurs les plus durement touchés par l’épidémie de Covid-19Tom Hollmann
L'essentiel
- Invité à s’exprimer au Rassemblement des entrepreneurs de France, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé la fin des aides généralisées pour les entreprises à la rentrée.
- Certains secteurs, toujours grandement touchés par les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, resteront toutefois prioritaires, comme l’hôtellerie, la restauration, l’événementiel, et la culture.
- Bienheureux du soutien de l’Etat jusqu’alors, les représentants syndicaux de ces différents domaines sont soulagés de faire partie des secteurs prioritaires, mais attendent du sur-mesure de la part du gouvernement, qui devra prendre compte les disparités de chacun.
«Le quoi qu’il en coûte, c’est fini ! » Invité devant les patrons lors de la rencontre des entrepreneurs de France du Medef, mercredi 25 juillet, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a définitivement acté une mesure attendue : la fin des aides généralisées aux entreprises. « Nous avons protégé notre économie […]. Nous n’avons pas compté l’argent public parce que c’était responsable de le faire. Mais maintenant que l’économie française redémarre, que nous avons des perspectives de croissance à 6 %, je le dis, le quoi qu’il en coûte, c’est fini », a tranché le ministre.
Pas question, toutefois, de couper le robinet du jour au lendemain. Le gouvernement prône désormais le sur-mesure, et donne rendez-vous aux organisations syndicales et patronales le 30 août, afin d’établir un état des lieux et de décider du périmètre de maintien des dispositifs financiers. A la veille d’un retour à la « normale », trois secteurs sont prioritaires : l’hôtellerie et la restauration, la culture, et l’évènementiel. On fait le point.
« Si on nous sort la tête de l’eau, ce n’est pas pour nous l’y replonger l’année prochaine »
Durement touché par la pandémie de Covid-19, le secteur de la culture a vécu plus d’un an des subsides de l’Etat. Théâtres, cinémas, salles de spectacles,… tous ont dû baisser le rideau dans l’attente d’une reprise finalement freinée par des jauges d’accueil réduites, puis par l’instauration du pass sanitaire. « Nous ne sommes pas encore en mesure de chiffrer notre perte estivale mais la reprise a été très difficile », indique à 20 Minutes Vincent Moisselin, directeur du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), pour qui le gouvernement s’est effectivement montré à la hauteur des attentes économiques.
« Nous ne sommes pas surpris de faire partie des secteurs concernés par le maintien des aides, le ministère de la Culture nous l’avait déjà assuré », poursuit-il. A la rentrée, les aides de l’Etat devraient donc continuer à se matérialiser sous la forme de compensations de pertes et d’exonérations de charges. « Mais attention, prévient Vincent Moisselin. Si on nous sort la tête de l’eau aujourd’hui, ce n’est pas pour nous l’y replonger l’année prochaine ! Car la dette, il va bien falloir la rembourser à un moment ou à un autre ».
Un manque de perspectives
Un avis partagé par Cédric Angelone, coprésident du syndicat des activités évènementielles (SAE), autre secteur durement touché par la crise, avec déjà près de 85 % de pertes aux Antilles, où les chiffres estivaux ont déjà pu être établis. Bienheureux du soutien économique de l’Etat aux entreprises, il félicite le ministre d’avoir entendu leurs doléances : « Ce maintien de l’activité évènementielle parmi les secteurs prioritaires est dans la ligne directe de ce qui nous avait été promis au mois de mars ».
Il déplore toutefois un manque de perspectives. « Lorsque nous devrons rembourser les PGE, ce ne sera pas la même histoire. J’espère que le gouvernement réussira à nous libérer d’un certain nombre de contraintes, je pense au coût du travail, aux impôts sur les sociétés et aux cycles de formations, encore trop contraignants aujourd’hui », explique-t-il.
Du « cousu main » pour l’hôtellerie et la restauration
Du côté de l’hôtellerie et la restauration, on attend du « cousu main ». « Il faut prendre en compte le fait que la sortie de crise dans notre secteur s’est faite avec énormément de disparités, fait remarquer Jean-Virgile Crance, président du groupement national des indépendants de l’hôtellerie et de la restauration (GNI-CHR). Si certains hôtels du littoral, par exemple s’en sont très bien sortis malgré une saison exceptionnellement courte, d’autres, dans les grandes métropoles et à Paris en particulier, vivent une situation catastrophique. Certains hôtels de luxe, n’ont par ailleurs toujours pas pu réouvrir ! »
Au global, il déplore une perte de chiffre d’affaires située entre 10 et 15 % par rapport à 2019 pour l’hôtellerie. « Et encore, en Île-de-France, pour les deux premières semaines d’août, on est à moins 50 % ! », regrette le représentant syndical. Lundi prochain, la réunion entre organisations syndicales et patronales sera décisive : « Il est indispensable d’adapter les dispositifs mis en place par l’Etat au mois de juin, tout en relevant les éléments de palier qui les déclenchent, afin d’aider le plus efficacement ceux qui en ont le plus besoin. Le gouvernement a injecté trop d’argent dans notre secteur pour que ce dernier ne soit pas au cœur du plan de relance économique ! »