Coronavirus, crise économique, environnement… Comment les navires de croisière s’adaptent
VOYAGE Le paquebot « MSC Virtuosa », dernier-né des Chantiers de l’Atlantique, est bloqué depuis des mois en raison du contexte sanitaire à Saint-Nazaire. Il doit quitter le port de Loire-Atlantique la semaine prochaine
- Le MSC Virtuosa, bloqué depuis des mois en raison du contexte sanitaire, doit quitter le port de Saint-Nazaire la semaine prochaine.
- 20 Minutes a fait partie des privilégiés qui ont pu le visiter jeudi matin.
- A cette occasion, nous avons fait un point sur les enjeux sanitaires, économiques et environnementaux des navires de croisières.
Le coronavirus n’a épargné aucun secteur, et surtout pas celui des navires de croisières. A Saint-Nazaire, le MSC Virtuosa, dernier-né des Chantiers de l’Atlantique et sistership du MSC Grandiosa, est bloqué à quai depuis plusieurs mois en raison du contexte sanitaire. La semaine prochaine, il devrait enfin quitter la cité maritime avant de commencer ses croisières en Europe du nord normalement en mai. Petit tour d’horizon des défis qui attendent les navires de croisières dans les mois et années à venir, et pas seulement sur le plan sanitaire.
Un protocole sanitaire strict
Jeudi, 20 Minutes a fait partie des privilégiés qui ont pu découvrir l’intérieur du paquebot MSC Virtuosa. Et on ne plaisante pas avec le protocole, croyez-nous. Après avoir réalisé un test antigénique (négatif pour tous les chanceux), nous n’avons jamais quitté notre masque évidemment… « Ce qu’il s’est passé sur le Diamond Princess en mars 2020, où tout le monde était resté à bord après la découverte de cas positifs, ça n’arrivera pas aujourd’hui, explique Patrick Pourbaix, directeur général de MSC (société de navigation) pour la France, la Belgique et le Luxembourg. Pour beaucoup, le bateau de croisières est le pire endroit où aller. Aujourd’hui, on a démontré l’inverse. Le bateau de croisières est l’endroit le plus safe pour partir en vacances. »
Le protocole est très strict. Les navires sont remplis seulement à 50 % pour que la distanciation physique soit parfaitement respectée. Après avoir réalisé un test PCR dans les 72 heures avant l’embarquement, les passagers refont un test antigénique en arrivant. Un autre est réalisé en milieu de croisière. La température est aussi prise à chaque passager deux fois par jour. Et si une personne est positive sur l’eau, elle sera isolée « dans une cabine protégée et ventilée à part » et « à la première escale, elle est débarquée et prise en charge ».
Une économie à relancer
Depuis maintenant un an, la croisière ne s’amuse plus vraiment. « On a subi la crise de plein fouet, reconnaît Patrick Pourbaix. A partir du 15 mars 2020, plus aucun navire de croisière n’était autorisé à naviguer. Ce qui fait que les 300 navires de croisière existant dans le monde ont été à l’arrêt pendant cinq mois. » Lors d’une année normale, MSC Croisières, dans le top 4 mondial des compagnies de croisières et numéro 1 en Europe, accueille 2,5 millions de passagers. En 2020, ils n’étaient que 55.000. Le directeur général de la société de navigation ne nous donnera aucun chiffre en euros… « C’est du jamais vu, on espère que l’horizon va s’ouvrir pour mai. » Actuellement, le seul bateau de croisière en mer est le MSC Grandiosa.
Un enjeu environnemental à poursuivre
Les bateaux de croisière, très mauvais élèves en matière de pollution ? C’est forcément une critique qui revient comme une antienne. « Il y a un défi pour l’industrie du transport maritime, c’est-à-dire les chantiers, les armateurs et affréteurs de navires, c’est de réduire l’empreinte carbone de la flotte mondiale de 50 % en 2050 par rapport à la référence 2008 », indique Henri Doyer, directeur de programme aux Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire. Un plan de recherche et développement a été créé aux Chantiers de l’Atlantique spécifiquement sur ce sujet au début des années 2000. « L’impact sur l’eau d’abord est très bien maîtrisé. Le paquebot produit sa propre eau principalement sur la base d’énergie qui est récupérée. Ces rejets sont tous traités dans des usines de traitement. Quant aux eaux mazouteuses et graisseuses, elles sont strictement interdites. »
Pour l’atmosphère, « il y a les polluants, c’est-à-dire les produits qui sont dissipés dans l’air comme l’oxyde de soufre et l’oxyde d’azote », précise Henri Doyer. Des systèmes de filtration et d’épuration sont installés. « Le MSC Virtuosa a par exemple des pots catalytiques qui réduisent les oxydes d’azote. Par ailleurs, des grandes tours de lavage sont installées sur le haut du navire pour diminuer l’émission d’oxydes de soufre à moins de 0,1 %. » Pour les gaz à effet de serre, ce qu’on appelle l’empreinte carbone, « on essaie de faire des bateaux qui consomment moins grâce à l’hydrodynamie avec des carènes et hélices performantes ».
Enfin, « le vecteur du futur », c’est de changer de type de fioul. « Il faut alors utiliser des fiouls qui émettent moins de polluants et de dioxyde de carbone, explique Henri Doyer. Le premier pour cela, c’est le gaz naturel liquéfié [GNL]. » Ces dernières heures, Total et MSC Croisières ont d’ailleurs signé un accord portant sur la fourniture annuelle d’environ 45.000 tonnes de GNL pour les prochains navires de croisière de MSC Croisières propulsés au GNL et qui feront escale dans le port de Marseille. Avec ce fioul, un navire de croisières réduira ses émissions de dioxyde de soufre et de particules de 99 % et d’oxyde d’azote de 85 %. Le MSC Virtuosa sera ainsi le dernier paquebot au fioul.