Coronavirus à Marseille : « Pourquoi nous ? »... Les restaurateurs agacés par la fermeture à 23 heures

REPORTAGE Le préfet des Bouches-du-Rhône a ordonné ce mardi la fermeture dès 23 heures dans le département des bars et des restaurants, profondément agacés par cette mesure qui les fragilise

Mathilde Ceilles
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La terrasse d'un restaurant à Marseille à l'été 2020
La terrasse d'un restaurant à Marseille à l'été 2020 — Claude Paris/AP/SIPA

La nouvelle lui est parvenue ce mardi dans la soirée, en plein service. « Deux heures avant, notre syndicat nous disait que ce n’était que des rumeurs. Et tout d’un coup on apprend qu’on va devoir à fermer à 23 heures dès le lendemain ». L’agacement de Laurent Ceccarini, propriétaire de deux restaurants sur le Vieux-Port  de Marseille, est palpable. Dans un communiqué de presse envoyé tard dans la soirée, le tout nouveau préfet des Bouches-du-Rhône​, Christophe Mirmand, a annoncé la fermeture de tous les bars, restaurants et supérettes dès ce mercredi entre 23 heures et 6 heures du matin dans l’ensemble du département.

Cette perspective bruissait dans les cuisines marseillaises, après notamment un article paru en début de semaine dans La Provence qui annonçait la fermeture des restaurants et bars dès 20 heures dans les prochains jours. Le préfet a finalement sévi ce mardi, dans l’espoir de limiter la propagation du coronavirus à Marseille et son département.

« C’est de l’affichage facile »

« Dans le département, le taux d’incidence (c’est-à-dire le nombre de personnes testées positives au Covid-19 sur 100.000 personnes) est actuellement de 131, alors qu’il était de 25 à la fin du mois de juillet, justifie Christophe Mirmand dans ce communiqué. A Marseille, le taux d’incidence est de 177 alors qu’il était de 33 fin juillet. Cette évolution place le département parmi ceux dont la situation est la plus préoccupante. »

Mais la mesure reste en travers de la gorge des professionnels du secteur. « Chaque fois qu’il y a un problème sanitaire, on s’en prend aux restaurateurs et aux cafetiers, peste Bernard Marty, président de l’union des métiers et des industries hôtelières des Bouches-du-Rhône. Alors qu’on laisse les plages ouvertes, par exemple ! C’est de l’affichage facile. Quel intérêt à fermer des cafés, des restaurants, où des gestes barrière sont respectés, où tout est organisé et encadré ? »

« Pourquoi nous ? »

« Pourquoi nous ?, soupire Laurent Ceccarini. Est-ce qu’on est responsable du Covid-19 ? On nous a pondu un protocole qu’on a respecté. On n’est pas responsable de l’organisation de soirées parallèles dans les Airbnb du coin, et on nous tape encore dessus ! » « Les jeunes ne vont plus venir dans les établissements, s’alarme Bernard Marty. Ils vont acheter leurs bouteilles et la boire entre eux, dans leurs appartements… »

Surtout, certains craignent que cette décision ait un impact direct sur l’économie locale. « Nous informer comme ça, la veille pour le lendemain, ça a des conséquences sur le personnel ou les achats, soupire Laurent Ceccarini. Ce sont des CDD qu’on ne va pas renouveler : une dizaine sur la quarantaine de personnels que j’ai pour ma part. Cela va engendrer une perte de chiffre d’affaires assez conséquente, de l’ordre de 40 à 50 % sur le mois de septembre. Septembre, c’est un très bon mois pour nous, avec du tourisme d’affaires et des retraités. Mais là, je doute que ces gens viennent ! A ce rythme-là, dans quinze jours, il n’y a plus personne à Marseille »