Toulouse : « Ne nous sabordons pas, ne perdons pas nos compétences », clament les salariés d’Airbus
SOCIAL Entre 7.000 et 9.000 salariés d’Airbus ont manifesté ce mercredi sur le site toulousain de l’avionneur alors que la direction a annoncé les suppressions de 5.000 postes en France
- Le secteur de l’aéronautique est touché de plein fouet par la crise du coronavirus et la baisse du trafic aérien.
- La direction d’Airbus a annoncé la suppression de 5.000 postes en France dont 3.500 à Toulouse.
- Entre 7.000 et 9.000 salariés ont manifesté sur les sites toulousains d’Airbus pour la défense de l’emploi.
Ils ont décidé de monter au créneau, sous les fenêtres de leur direction. Entre 7.000 et 9.000 salariés d’Airbus ont manifesté ce mercredi matin à Toulouse, quelques jours après l’annonce de la suppression de 5.000 postes en France, dont plus de 3.500 sur les sites de la Ville rose.
A l’appel des syndicats majoritaires, FO, la CFE-CGC et la CFTC, les « cols bleus » et « cols blancs » de l’entreprise ont défilé à l’intérieur du site pour éviter toute récupération, mais aussi tout débordement.
Audrey, 30 ans, est venue soutenir ses collègues. Salariée depuis deux ans dans l’entreprise, après avoir été plusieurs années employée chez un sous-traitant, elle ne cache pas son « inquiétude ». « Aujourd’hui, personne ne se sent protégé par la situation. Je ne sais pas si ce chiffre de 3.500 est inévitable, ce que je souhaite c’est qu’il soit réduit au maximum et que l’on évite les licenciements secs », insiste la jeune femme qui assure la liaison entre la production et les fournisseurs. Elle sait que la casse risque d’être très importante chez ces derniers, des entités où travaillent son père et son frère.
Aides de l’Etat
« Je n’envisage pas autre chose qu’Airbus. J’ai envie de croire en un avenir à Toulouse, si on veut qu’elle reste une ville où il y a de l’emploi, il faut que l’aéronautique se maintienne à flot », poursuit la salariée attachée à son entreprise, comme beaucoup de ses collègues. Mais tous espèrent que l’impact de cette crise temporaire ne servira pas à changer plus profondément l’entreprise.
« Nous sommes conscients des difficultés, nous ne les nions pas. Nous souhaitons bien préparer la reprise, ne nous sabordons pas, ne perdons pas nos compétences. Il faut relancer l’activité, notamment avec l’avion vert. Notre richesse c’est notre savoir-faire, nos projets et programmes. Là, on a une réponse structurelle à une crise conjoncturelle. On ne peut pas profiter de la situation pour détricoter cette structure », insiste Pierre, « Airbusien » depuis trente ans. Lui, planche à l’ingénierie, affectée par 17 % des suppressions de postes.
Christophe, salarié d’ATR, l’avionneur régional filial d’Airbus, a aussi tenu à défiler avec ses collègues. Lui ne comprend pas « qu’avec tout l’argent que l’Etat a versé », il y ait des suppressions de postes. « On a les moyens financiers de tenir. Durant des années la filière a fait des milliards de bénéfices. Là, ils ont une opportunité pour faire des gains de productivité », renchérit Olivier Le Penven, délégué syndical CGT, présent dans la manifestation.
Un contexte plus tendu que lors du plan social Power 8
Des syndicats qui sont sur le pied de guerre. « La direction nous a fait des annonces brutales, on a réagi. On est déterminés pour montrer qu’il ne faut pas passer la ligne rouge. Il y a beaucoup de salariés jeunes inquiets. Et les plus anciens attendent des mesures fortes d’accompagnement pour éviter les départs contraints », plaide Florent Veletchy, délégué syndical central CFDT d’Airbus.
Des annonces qui se feront au cœur de l’été, mais qui se font dans un contexte économique tendu. Plus qu’à l’époque de Power 8, le précédent grand plan social de l’entreprise qui avait conduit à la suppression de 5.000 postes en interne et au moins autant chez les sous-traitants.
A l’époque, des salariés étaient partis, créant parfois leur entreprise grâce aux mesures d’aide. « Mais le contexte actuel économique est très différent, beaucoup de salariés vont se poser des questions », ponctue Françoise Vallin, déléguée syndicale centrale CFE-CGC d’Airbus.