Le 737 Max effectue un premier vol test crucial pour sa survie, et celle de Boeing

AVIATION Cloué au sol depuis mars 2019, l'appareil doit prouver aux autorités que les modifications apportées au système anti-décrochage après deux accidents mortels sont suffisantes

20 Minutes avec AFP
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Le Boeing 737 Max a effectué son premier vol de certification le 29 juin 2020 près de Seattle.
Le Boeing 737 Max a effectué son premier vol de certification le 29 juin 2020 près de Seattle. — Elaine Thompson/AP/SIPA

Il a revolé pendant quatre heures. Le Boeing 737 MAX a effectué lundi le premier d’une série de vols de certification, une étape cruciale pour la survie de l’avion vedette du géant aéronautique américain cloué au sol depuis mars 2019 après deux accidents ayant coûté la vie à 346 personnes. Mais coup dur pour le constructeur, la compagnie à bas coûts Norwegian Air Shuttle a annoncé le même jour qu’elle annulait une commande de 92 exemplaires de l’appareil, ainsi que de cinq Dreamliner.

L’avion, qui a décollé à 09h55 de Boeing Field près de Seattle, le berceau du constructeur, s’est posé sans encombre à 14h16, a constaté un photographe de l’AFP. Le MAX a volé pendant plusieurs heures dans les environs, effectuant en outre un atterrissage et un décollage sur l’aéroport de Moses Lake Ground County, à l’est de la grande ville de l’Etat de Washington, selon l’application de suivi des vols Flightradar24.

Données passées au crible

Le but de ce vol – et de ceux qui suivront pendant une campagne qui doit durer trois jours – est d'« évaluer les changements apportés aux systèmes de contrôle automatisés du 737 MAX », avait expliqué plus tôt l’autorité fédérale de régulation de l’aviation (FAA), en charge de la certification et des vols dans un communiqué. Les données des tests de ces trois jours vont être analysées par la FAA, mais aussi par des autorités d’autres pays.

Le 737 MAX est cloué au sol depuis le 13 mars 2019 après l’accident d’un exemplaire de la compagnie Ethiopian Airlines ayant fait 157 morts. Cette tragédie survenait quelques mois seulement après la catastrophe d’un MAX de Lion Air, qui a tué 189 personnes.

Les troublantes similitudes entre les deux accidents mortels, peu après le décollage, avec une incapacité des pilotes à reprendre la main sur l’avion, avaient conduit les autorités de sécurité aérienne du monde entier à interdire de vol toute la flotte, pour une durée indéterminée. Depuis des mois, Boeing peine à remettre en service son moyen-courrier, dont les ventes constituaient avant cette crise sa principale source de revenus.

Modifications du système anti-décrochage

Le logiciel anti-décrochage MCAS a été mis en cause dans les deux accidents. Mais d’autres dysfonctionnements techniques, dont un concernant des câblages électriques, ont par la suite été détectés au cours des travaux de modification de l’appareil, ralentissant le processus de recertification.

Depuis des semaines, l’avionneur attendait le feu vert des autorités pour prouver avec les vols d’essai que le MAX était parfaitement sûr. Le marché semblait optimiste. L’action Boeing a bondi de 14,4 % entraînant avec elle toute la cote, le constructeur étant un acteur clé de l’économie américaine.

Boeing escomptait il y a encore quelques mois une remise en service du MAX en juin.Mais la pandémie de Covid-19, qui a entraîné des restrictions de voyage et le confinement des travailleurs, est venue contrarier son calendrier. Selon le Seattle Times, les autorités de sécurité aérienne européenne et canadienne auraient par ailleurs exigé « de nouvelles modifications substantielles du système de contrôle en vol ». Pour Boeing, il y a urgence à faire revoler son avion pour s’extirper d’une crise historique. Cet avion représentait 85 % de son carnet de commandes l’an dernier, et encore plus de deux tiers aujourd’hui.