Coronavirus : Télétravail, masques obligatoires… Comment le déconfinement va-t-il se passer dans les entreprises ?
PLAN Edouard Philippe souhaite que l’économie redémarre sans mettre en danger la santé des travailleurs
- Edouard Philippe a présenté mardi les grandes lignes du plan de « déconfinement » du pays.
- Le Premier ministre veut que l’économie redémarre pour éviter « l’écroulement ».
- Les commerces qui rouvrent devront s’adapter, et les salariés qui reviennent aux bureaux auront de nouvelles règles à respecter.
Faire redémarrer l’économie, mais pas l’épidémie. Tel est le sentier périlleux proposé par Edouard Philippe ce mardi, devant les députés. Pour le Premier ministre, si le confinement a prouvé son efficacité pour ralentir la propagation du Covid-19, « l’arrêt prolongé de la production (…) présenterait pour le pays (…) le risque bien plus terrible de l’écroulement ».
Le chef du gouvernement a donc présenté plusieurs mesures pour permettre aux entreprises de rouvrir à la mi-mai, tout en s’adaptant à la nouvelle donne sanitaire.
Le télétravail toujours privilégié
La pratique du télétravail, démocratisée « de force » en raison du confinement, devrait perdurer après le 11 mai. « Je le demande aux entreprises : le télétravail doit être maintenu partout où c’est possible, au moins dans les trois prochaines semaines » a expliqué Edouard Philippe. Les employeurs sont donc invités à ne pas faire revenir les salariés dans les bureaux, sans doute au moins jusqu’à début juin.
Cet appel à rester travailler chez soi, pour ceux qui le peuvent, est lié à la volonté de limiter au maximum l’engorgement des transports en commun. Le gouvernement prévoit en effet des mesures drastiques : dans les métros, bus, tramways, un siège sur deux sera condamné et les gestes barrières devront être respectés. Des lignes déjà saturées en temps normal risquent donc d’être encore plus engorgées que d’habitude, avec par exemple des queues devant les stations.
Autre idée d’Edouard Philippe : « Pour les personnes qui ne pourront pas télétravailler, la pratique des horaires décalés dans l’entreprise doit être encouragée ». Là encore, il s’agit de limiter les pics de fréquentation dans les transports (entre 7h et 9h, par exemple), sachant que toutes les entreprises et tous les salariés ne pourront pas décaler leurs horaires en raison de contraintes personnelles ou professionnelles.
Pour ceux qui devront retourner sur leur lieu d’emploi, l’Organisation internationale du travail (OIT) a dressé ce mardi une liste de recommandations aux entreprises. Elle leur conseille d’améliorer la ventilation dans les locaux, de procéder au nettoyage régulier des surfaces, ou encore de mettre à disposition les moyens nécessaires pour se laver les mains et pour assurer la désinfection. L’organisation a également expliqué que les entreprises pouvaient par exemple laisser des portes ouvertes « pour que les gens n’aient pas à toucher les poignées » et introduire des systèmes de rotation des équipes.
Des commerces ouverts, mais…
Les commerces « non essentiels » sont fermés depuis la mi-mars. Le 11 mai, nombre d’entre eux vont pouvoir rouvrir partout en France : coiffeurs, magasins d’ameublements, bijouteries, magasins de vêtements, etc. Mais attention : « [chaque commerce] devra respecter un cahier des charges strict, limitant le nombre de personnes présentes en même temps dans le magasin et organisant les flux, afin de faire respecter la règle de la distance minimale d’un mètre par personne sans contact autour d’elle » a précisé Edouard Philippe. Les petites échoppes où les clients se frôlent risquent d’avoir du mal à appliquer ces règles et se retrouveront probablement obligées de créer des files d’attente à l’extérieur. Autre nouveauté : un commerçant aura le droit de refuser l’accès du magasin à une personne qui ne porterait pas de masque.
Plusieurs types de commerces resteront en revanche fermés tout le mois de mai. Il s’agit des bars, des restaurants, des théâtres et des salles de spectacle. L’exécutif décidera fin mai s’ils peuvent à nouveau accueillir des clients en juin, ou plus tard. Une proposition insuffisante pour la droite. Ce mardi Damien Abad, chef de file des députés LR, a demandé « d’accélérer la reprise économique dans les départements les moins touchés » en procédant à la réouverture des bars et des restaurants dans ces zones dès le mois de mai. A noter que les centres commerciaux de plus de 40.000 mètres carrés pourront rester fermés sur ordre des préfets, afin d’éviter que leur réouverture ne draine trop de personnes.
Un chômage partiel qui évoluera après juin ?
Dès le début du confinement, le gouvernement a revu les règles du chômage partiel, qui concerne plus de 10 millions de salariés. Actuellement, l’État prend en charge la totalité du coût de cette mesure, dans la limite de 4,5 Smic par salarié. Un vrai soulagement pour les entreprises, mais pas pour les finances publiques, avec une facture qui approche les 25 milliards d’euros.
Ce mardi, le Premier ministre a ouvert la porte à des conditions d’indemnisation moins généreuses d’ici à un mois : « Il nous faudra ensuite adapter [le dispositif] progressivement, afin d’accompagner la reprise d’activité si l’épidémie est maîtrisée ». Cela pourrait également signifier que les services de l’État seront beaucoup plus regardants sur les demandes d’activité partielle formulées par les entreprises à partir du mois de juin.