Bas-Rhin: Heineken va produire sa bière sans alcool en Alsace
INDUSTRIE Le brasseur Heineken construit cette année une ligne de production de bière sans alcool dans son usine de Schiltigheim près de Strasbourg
- Heineken investit six millions d’euros dans la brasserie de Schiltigheim pour produire de la bière sans alcool.
- La consommation des bières sans alcool a progressé de 20% l’année dernière.
Comme son concurrent Kronenbourg, Heineken parie sur la bière sans alcool. Le groupe néerlandais va investir six millions d’euros cette année dans la brasserie de l’Espérance de Schiltigheim en Alsace. La production de bière sans alcool pourra démarrer début 2020. Jusqu’ici, elle était produite aux Pays Bas. « C’est une bonne nouvelle pour l’usine alsacienne, c’est une production supplémentaire et un nouveau défi pour nos équipes puisqu’il s’agit d’une technique différente », se félicite le directeur de l’usine Stéphane Crépel. Pour faire une bière sans alcool, il y a deux étapes. On brasse une bière normalement. Une fois la bière prête, on réalise une distillation sous vide. La bière est soumise à des températures très basses, il y a évaporation de l’alcool tout en gardant les qualités gustatives du breuvage.
La bière sans alcool, une petite qui monte
La consommation de bière a le vent en poupe ces dernières années, et la bière sans alcool en profite aussi. Selon Heineken, en France, la consommation a progressé de 20 % l’année dernière. Un quart des Français a acheté des bières sans alcool en 2018. Deux chiffres qui expliquent l’intérêt des grands brasseurs pour ce marché de niche. Kronenbourg est leader. Heineken a lancé sa bière 0.0 en 2017. La société néerlandaise va même le mois prochain proposer la première bière d’abbaye sans alcool, Affligem 0.0. Et pour qu’elles sautent aux yeux des consommateurs, le groupe projette de mettre en place des zones 0 dans les supermarchés.
Des ventes encore confidentielles
Olivier, un quinqua attablé en terrasse à Strasbourg déguste pour le déjeuner une bière normale. « De la bière sans alcool, on en boit parfois au bureau avec les collègues parce que l’alcool y est interdit, mais sinon je préfère une bière normale. » Les cafetiers locaux ont remarqué un frémissement du marché. Ils en ont tous à la carte même ceux qui sont spécialisés dans les bières artisanales. Au bar l’Artichaut, les touristes sont les plus demandeurs, nous dit Delphine Laas, la directrice. « Ceux qui m’en demandent, ce sont les femmes enceintes, les personnes âgées et surtout les touristes allemands. Je n’en vends qu’une caisse par semaine, soit 24 bouteilles. »
A la mode chez nos voisins
66 % des personnes qui ont acheté la bière Heineken 0.0 en 2018 n’avaient jamais consommé de bière sans alcool avant. Le constat conforte le brasseur néerlandais dans ses choix. Selon Heineken, les consommateurs de bière ont changé leurs habitudes : « Les buveurs de bière varient aujourd’hui leurs choix selon les occasions : une lager sans alcool pour le déjeuner, une bière aromatisée en cours d’après-midi, une bière forte lors d’un apéro entre amis… » S’y ajoutent le souci de boire plus sain, et la crainte de l’alcootest.
La bière sans alcool ne représente que 4 % de la consommation de bière en France, contre 13 % en Espagne et 6 % en Allemagne. On la trouve même à la célèbre Fête de la Bière de Munich !
- Une boisson contenant moins de 1,2% d’alcool est considérée comme sans alcool en France.
- La brasserie de Schiltigheim pourra produire 200 000 hectolitres de bière sans alcool l'année prochaine.
- Les Français consomment 32 litres de bière en moyenne par an.