Davos: Des «discussions d'un niveau intellectuel très élevé»... D'accord, mais à quoi ça sert?

ECONOMIE Chaque année, le gratin mondial se réunit à Davos...

T.L.G.
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A Davos, il neige souvent.
A Davos, il neige souvent. — CHINE NOUVELLE/SIPA
  • Le Forum économique mondial s’ouvre ce mardi en Suisse.
  • Chaque année, politiques, chefs d’entreprise et chercheurs se pressent à Davos.
  • Mais finalement, à quoi sert ce grand raout annuel ?

C’est peut-être là, dans cette petite ville suisse cachée sous la neige, que se décide le sort du monde. Chaque année, le gratin mondial des hommes d’affaires, responsables politiques et chercheurs se réunit dans les Alpes à Davos pour le Forum économique mondial. Pour y faire quoi ? N’ayant toujours pas été invité cette année, on a tenté d’en savoir plus.

« Améliorer l’état du monde »

Depuis 1971, Klaus Schawb, professeur d’économie suisse-allemand, réunit la fine fleur mondiale au Forum économique mondial à Davos. « C’est la mission fondamentale du Forum que d’organiser un dialogue global entre les différents intervenants privés, entre privé et public, entre acteurs et experts, avec aussi les grandes organisations internationales, les ONG, les médias », expliquait son fondateur dans les Echos en 2016.

Chaque année, quelque 3.000 participants - grands patrons, responsables politiques, intellectuels, militants de l’environnement ou des droits de l’Homme, artistes - y débattent. Dans quel but ? « Améliorer l’état du monde », indique l’article 3 des statuts de la fondation. Un poil ambitieux, avouons-le, mais pour atteindre cet objectif, les acteurs « identifient des problèmes au niveau mondial, régional et industriel, cherchent des solutions et, quand c’est possible, créent des partenariats pour agir ».

Que font les acteurs présents ?

Ils écoutent et discutent, beaucoup. Des séances de méditation du petit matin aux cocktails de fin de soirée. Mais les discussions sont « d’un niveau intellectuel vraiment élevé avec beaucoup d’écoute» », affirme l’économiste Jean-Paul Betbeze, qui a participé au raout en 2000. « C’est un lieu assez petit. Il y a une grande salle dans laquelle se font les réunions plénières et des salles plus petites qui réunissent 20-30 personnes. Là, des acteurs mondiaux importants discutent de sujets majeurs de manière très directe », poursuit le conseiller économique chez Deloitte. « Il y a des discussions sur le court terme : cette année, la nouveauté sera la politique de Trump. Et d’autres visions à plus long terme, sur les inégalités, la politique, la religion, le réchauffement climatique, etc. »

Des décisions sont-elles prises ?

Non. « Davos, c’est la machine à café du monde, l’endroit où s’échangent des idées, mais il n’y a pas d’organe de gouvernance de Davos qui prendrait des décisions pour le reste du monde. Ça n’est pas vrai du tout », racontait à Francetvinfo Jacques Attali, habitué de ces réunions au sommet.

« Les gens qui critiquent sont jaloux, car ils n’y sont jamais allés », peste Jean-Paul Betbeze. « En 2000, Bill Clinton avait fait un exposé passionnant. En sortant du sommet, on comprenait que le monde allait changer avec l’arrivée de deux concurrents mondiaux, la Chine et l’Inde qui se préparaient», indique l’économiste. « C’est aussi à Davos qu’il y a eu des discussions importantes entre la Palestine et Israël ou des rencontres décisives sur l’Afrique du Sud [entre Nelson Mandela et Frederic De Klerk], on oublie tout ça. »

Shimon Peres et Yasser Arafat en 1994.
Shimon Peres et Yasser Arafat en 1994. - PATRICK AVIOLAT / AFP

Au-delà des symboles géopolitiques, Davos permet aux entreprises de se constituer un joli réseau. «C'est une cour de récré : tu te mets au centre du congrès et tu croises le n° 1 de Google, le Premier ministre grec, le président de Coca, un ministre indien, tu échanges des cartes de visite, discutes, noues des contacts, l'entre soi y est poussé à l'extrême», racontait aux Inrocks un homme d'affaires habitué. « En deux jours et demi, je peux voir une trentaine de patrons, de chefs de gouvernement, de ministres… Cela m’a permis de faire avancer des business concrets pour Total », témoigne Patrick Pouyanné, le PDG du groupe pétrolier au Monde.