VIDEO. Le Black Friday, né des marchés aux esclaves? C'est faux
FAKE OFF Mais d’où vient l’expression, devenue synonyme de shopping effréné ? D’esclaves bradés aux Etats-Unis, selon une intox populaire…
- Et si le Black Friday faisait allusion à des ventes d’esclaves au XIXe siècle aux Etats-Unis ? C’est la thèse d’une intox populaire sur les réseaux sociaux.
- Au XIXe siècle, le terme est utilisé pour faire allusion à un crash boursier.
- Elle est devenue populaire au début des années 1960 à Philadelphie.
EDIT : Chaque année cette intox est partagée sur les réseaux sociaux au moment du Black Friday, nous republions donc notre article paru pour la première fois en novembre 2017.
Le Black Friday vient de s’achever et pourtant l’intox continue de tourner sur les réseaux sociaux. La légende urbaine porte sur les origines venues de l’expression, venue des Etats-Unis. « Pendant la traite négrière, le Black Friday désignait la braderie sur le marché public des esclaves qui n’avaient pas encore trouvé de maître de plantation, » explique par exemple la page Sociologie des Afro sur Facebook, dans un post qui a été partagé à ce jour 6 200 fois.
« Les esclaves les moins intéressants pour les esclavagistes blancs, notamment ceux qui, capturés en Afrique puis déportés en Amérique, avaient eu des séquelles physiques importantes pendant la traversée mais n’avaient néanmoins pas été jetés dans l’océan, étaient ainsi bradés à des prix dérisoires sur le marché public par les négriers, et cela a duré plusieurs décennies, jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1865 », continue l’auteur du post, avant de préciser que le Black Friday est de nos jours un événement qui marque « traditionnellement le coup d’envoi de la période des achats de fin d’année. »
Cette explication est aussi devenue virale grâce à un mème montrant une vente d’esclaves et intitulé « The Original Black Friday. »
La légende urbaine est devenue internationale : née aux Etats-Unis, elle est arrivée en France mais aussi en Afrique du Sud et au Maroc.
FAKE OFF
Cette explication, pourtant, ne tient pas. Si l’on trouve des traces de l’expression « Black Friday » au XIXe siècle aux Etats-Unis, c’est en référence à un crash financier qui a eu lieu à la Bourse de New York en 1869, et non pas en référence à une quelconque vente d’esclaves. A l’époque, deux spéculateurs tentent de manipuler le cours de l’or. Le 24 septembre, le cours s’effondre. La journée devient alors connue sous le nom de « Black Friday. »
La foule débarque
Il faudra attendre presque un siècle pour voir le terme réapparaître. Cela se passe à Philadelphie, dans les années 1960. Le terme fait alors référence aux embouteillages qui paralysent la ville, les curieux venant faire les boutiques le lendemain de Thanksgiving. Ces mêmes curieux restaient en ville pour assister le lendemain au match de football américain Army-Navy, match qui est une institution.
Cette expression a été inventée par les policiers, explique CNN. A leur tour, les commerçants s’approprient le terme pour décrire la folie commerciale. « C’était un double coup dur, détaille Bonnie Taylor-Blake, une chercheuse interrogée par la chaîne américaine. Les policiers en charge de la circulation devaient travailler douze heures d’affilée, aucun d’entre eux ne pouvait poser son vendredi et les gens envahissaient les trottoirs, les parkings et les rues. Les policiers devaient tout gérer et ils ont forgé cette expression. »
« Pas un terme affectueux »
Le site Mother Jones a retrouvé une publicité de 1966, publiée par une boutique de Philadelphie dans l’American Philatelist, et qui explique l’origine du terme. « Black Friday est le nom donné par le département de police de Philadelphie au vendredi qui suit Thanksgiving. Ce n’est pas un terme affectueux dans leur bouche. Black Friday ouvre officiellement la saison des courses de Noël dans le centre-ville et cela a généralement pour conséquence d’énormes embouteillages et des trottoirs surpeuplés, pendant que les boutiques du centre-ville sont assaillies de l’ouverture à la fermeture. » Face à ce déferlement, les commerçants de Philly tentent de populariser l’expression « Big Friday », plus positive, mais sans grand succès.
Les profits marqués en noir : fausse explication
Une autre explication pour l’origine du Black Friday viendrait des profits enregistrés par les commerces. Ce vendredi marquerait le jour pendant lequel les entreprises commencent à faire leurs profits pour l’année. Les commerçants ayant pour habitude de marquer leurs pertes en rouge et leurs profits en noir, le terme Black Friday serait né. Mais le premier usage connu de l’expression en ce sens remonte à 1981, près de 20 ans après l’apparition de l’expression à Philadelphie. Cette histoire de profits n'est donc pas la véritable origine du Black Friday. C'est bien la situation à Philadelphie qui a popularisé l'expression.
Depuis, le Black Friday a essaimé à travers le monde. Au Québec, le Black Friday est devenu le Vendredi fou. Une manière de décrire la fièvre acheteuse ?
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