Fairbooking, la plateforme hôtelière sans intermédiaire, passe à l'offensive pour survivre

TOURISME La plateforme lancée en 2013 veut s'ouvrir à l'ensemble des acteurs touristiques pour contrer Booking et les grosses centrales de réservation...

Frédéric Brenon
Fairbooking permet de réserver une nuit d'hôtel sans passer par un intermédiaire.
Fairbooking permet de réserver une nuit d'hôtel sans passer par un intermédiaire. — F.Fife/AFP
  • Fairbooking propose sur un même site une sélection d'hôtels où l'on peut réserver sans intermédiaire.
  • Le concept, applaudi par la profession, ne parvient pas à séduire le public.

De nombreux Français s’apprêtent à voyager lors des vacances de la Toussaint. La plupart réserveront leur nuit d’hôtel via Booking, Expedia ou Hotels.com. Des centrales de réservation sur Internet devenues incontournables au point de réclamer aux hôteliers des commissions comprises entre 15 % et 30 %. C’est pour contrer cette « mainmise » qu’a été lancée en 2013, par un groupe d’hôteliers nantais, Fairbooking. Cette plateforme internationale en ligne propose aux clients une sélection d’établissements où l’on peut réserver en direct, « sans intermédiaire », en bénéficiant de tarifs préférentiels ou de services offerts (petit-déjeuner, etc.).

Un projet « équitable », applaudi par la profession et de nombreux élus, mais qui, quatre ans après ses débuts, ne décolle pas vraiment. Si 3.600 hôtels et 130.000 clients ont adhéré à la démarche, le nombre de transactions resterait « très marginal », selon les professionnels interrogés.

«Très mal référencé sur Google»

« Ça n’a aucun impact sur notre fréquentation, regrette-on au Grand hôtel de Nantes. Nous ne remboursons même pas notre adhésion annuelle. Je pense que c’est un problème de notoriété et de communication. » « L’idée de base est excellente, reconnaît le gérant du B&B de Saint-Sébastien-sur-Loire. Mais les résultats sont très décevants. Nos clients ne passent pas par Fairbooking car le site est très mal référencé sur Google. » « C’est vrai que pour comparer les prix, je passe par Booking parce qu’il y a du choix et c’est efficace. C’est comme un réflexe », confie Deborah, une habituée aux achats en ligne.

« C’est impossible de lutter contre les grandes centrales et leur marketing, déplore Xavier de Montferrand, président du club hôtelier de Nantes. Il faudrait aussi que les clients se rendent compte qu’en étranglant financièrement les hôteliers, elles font du mal à l’économie locale et détruisent des emplois. La plupart gagnent des millions sans même payer d’impôt en France ! »

Une chambre d'hôtel trois étoiles (illustration).
Une chambre d'hôtel trois étoiles (illustration). - F.Fife/AFP

S'unir à d'autres métiers pour être mieux armé

Laurent Bougras, le directeur de Fairbooking, basé sur l’île de Nantes, ne « baisse pas les bras ». Conscient des « limites du modèle actuel », il annonce un « changement d’échelle » en janvier. D’une plateforme associative consacrée aux hôtels, Fairbooking va devenir une plateforme coopérative ouverte à l’ensemble des acteurs touristiques locaux (hôtels, restos, bars, parcs de loisirs, sites culturels...).

« L’idée est qu’on puisse réserver son séjour, sa visite ou sa table de restaurant depuis un même site. On réunit les offres d’une destination, toujours sans intermédiaire. On facilite les choses aux clients et donc aux opérateurs. » En clair, s’unir à d’autres métiers pour être mieux armé face à la concurrence digitale. Le budget de fonctionnement de Fairbooking doit ainsi grossir de 115.000 euros à plus d'un million d’euros.

Récupérer au moins 10% de parts de marché

« On se donne trois ans pour récupérer 10 % de parts de marché contre les grosses centrales, indique Laurent Bougras. Ça ressemble un peu à David contre Goliath. Mais, à la fin de l’histoire, c’est David qui gagne. » « La bataille n’est pas perdue, est convaincu Thierry de Montferrand. Un fichier clients a été constitué, le nouveau projet ne partira pas de nulle part. Il faut que les collectivités nous soutiennent, en nous confiant par exemple leur plateforme de distribution. Si on laisse tomber Fairbooking, on aura raté une opportunité. »