Chômeurs, salariés, indépendants... Ce que vous promettent les candidats à la primaire de la gauche
TRAVAIL « 20 Minutes » a épluché les programmes des candidats à la primaire organisée par le PS…
Tic-tac. Le premier tour dela primaire de la gauche se rapproche. Le temps est donc venu de savoir ce que les candidats proposent en matière de travail. Quels sont les engagements qu’ils prennent auprès des salariés, des chômeurs, des indépendants et des aspirants créateurs d’entreprise ? « 20 Minutes » a épluché les programmes pour vous répondre.
Que proposent-ils aux chômeurs ?
Si les candidats multiplient les propositions pour développer l’emploi, ils proposent bien peu de chose aux actuels chômeurs – ce terme est d’ailleurs quasiment absent des programmes. Il l’est totalement dans ceux de Pinel, de Peillon et de Bennahmias. Il est revient une seule fois dans le programme de Valls. Qui propose, tout comme Hamon, de faciliter l’accès des demandeurs d’emploi à la formation.
Montebourg va plus loin : il propose que les chômeurs puissent être soit en contrat de formation, soit en contrat d’activité, ce dernier permettant « d’employer en CDI des chômeurs de plus d’un an dans des entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) ».
Mais c’est de Rugy qui fait le plus de propositions. Il prévoit de déléguer aux régions la gestion directe de Pôle emploi. « Cette démarche permettra de prendre en considération les réalités de chaque région, et d’engager des expérimentations innovantes impossibles à mener dans un système de gestion centralisée », précise-t-il. Il veut inclure davantage de clauses d’insertion des personnes éloignées de l’emploi dans les marchés publics et permettre aux groupements d’employeurs d’être exonérés de cotisations en cas de recrutement d’un chômeur.
Que proposent-ils aux salariés ?
Pinel veut garantir l’égalité hommes/femmes en étendant à toutes les entreprises les sanctions financières en cas de discrimination salariale. Elle propose aussi de doubler la part de l’ESS (économie sociale et solidaire) en dix ans – elle représente aujourd’hui 10 % de notre PIB. Elle veut enfin permettre à un tiers des salariés de siéger dans les conseils d’administration des entreprises. Une proposition que fait également Hamon. Lui promet par ailleurs de revaloriser le Smic et le point d’indice de la fonction publique et d’organiser la baisse du temps de travail par « un droit inconditionnel au temps partiel accompagné d’une compensation salariale ». Il veut en outre reconnaître le syndrome d’épuisement professionnel, dit « burn-out », comme une maladie professionnelle.
Valls veut garantir à chaque salarié un droit à la reconversion professionnelle et promet de défiscaliser les heures supplémentaires. Montebourg veut lancer un plan massif de développement du télétravail, renforcer la participation des salariés aux bénéfices de l’entreprise et indexer les salaires dans chaque entreprise sur les gains de productivité. Peillon veut conditionner le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) à la signature d’accords d’entreprise ou de branche consacrés à la formation, à la recherche-développement et à la qualité de l’emploi et des conditions de travail. Il propose également d’ intégrer dans le CPA (compte personnel d’activité) une « banque des temps », abondée par les actifs au cours de leur vie mais aussi par des dotations mutualisées, dans laquelle chacun pourrait puiser, dans certaines conditions, pour prendre des congés, pour suivre une formation, ou encore pour réduire son activité afin de s’occuper d’un parent dépendant.
De Rugy propose de supprimer, progressivement sur cinq ans, « les cotisations des entreprises alimentant la branche famille de la sécurité sociale ». « La moitié des sommes ainsi récupérées par les entreprises bénéficiera aux salariés, via une augmentation de leur salaire net. L’autre partie contribuera à un allégement de la masse salariale des entreprises ». Bennahmias évoque la création d’une sécurité sociale professionnelle qui doit « permettre un déroulement de carrière optimal au salarié » et qui « absorbera, tout à la fois le système d’indemnisation du chômage et les dispositifs de la formation permanente ».
Et que pensent-ils de la loi Travail ?
Montebourg et Hamon proposent de l’abroger. En revanche, pas question d’y toucher pour Valls. Il veut au contraire « renforcer la place des accords de branche et d’entreprise ». Pinel est sur la même ligne. Peillon et de Rugy jouent l’entre-deux. Le premier veut revenir sur l’inversion de la hiérarchie des normes et rétablir la majoration des heures supplémentaires aux taux habituels. Sur les autres articles contestés – licenciements économiques, accords offensifs, etc. – Peillon ne se prononce pas mais propose de « rouvrir les discussions avec les partenaires sociaux ». De Rugy dit lui vouloir « maintenir la loi Travail » mais « en la transformant en loi expérimentale, valable cinq ans ». Il précise qu’à l’issue de ce délai, « sur la base de l’expérience et non de postures idéologiques, il sera possible d’en tirer vraiment le bilan, et d’adopter un texte définitif ». Bennahmias n’évoque pas le sujet.
Que proposent-ils aux indépendants et entrepreneurs ?
Tous veulent agir pour les indépendants. Si les mécanismes peuvent différer d’un candidat à l’autre, l’idée est grosso modo la même : permettre à ces travailleurs de bénéficier d’une protection sociale équivalente à celle des salariés. La plupart évoquent également l’ubérisation du travail. Ainsi, Hamon veut un statut unique pour tous les actifs. Montebourg veut « amener les plateformes à assumer la protection sociale de leurs salariés ». Valls prévoit de « faciliter le recrutement de chauffeurs français par les plateformes offrant des engagements de loyauté et les meilleures conditions de travail plutôt que simplement les prix les plus attractifs ». Peillon veut renforcer les contrôles des conditions de travail des travailleurs des plateformes numériques.
Côté entrepreneurs, Valls souhaite « ouvrir un droit à la création d’entreprise, avec un accompagnement dédié et un prêt de l’Etat à taux zéro, sans remboursement les premières années ». Montebourg de créer « une banque d’encouragement au risque, pour faire ce que la BPI ne fait qu’au compte-gouttes : le cautionnement du crédit et la mutualisation du crédit ». Et Pinel de poursuivre « la multiplication des lieux participatifs de création d’entreprises et autres formules de sécurisation des projets d’entreprises et de création d’emplois (type Coopératives d’activités et d’emplois), ainsi qu’un développement des systèmes de financements collectifs de type crowdfunding ». Bennahmias veut créer « un statut de créateur d’entreprise, qui assure dans les trois premières années, une sécurité sociale professionnelle au créateur comme à ses salariés ». De Rugy prévoit notamment une « assurance-chômage destinée aux indépendants » et d’assouplir le régime de la micro-entreprise, « à travers l’augmentation des seuils de chiffre d’affaires, la renégociation du plafond de la franchise en base de TVA et l’incitation au passage à la société commerciale ».