Projet Hinkley Point: Les syndicats d'EDF dénoncent un «scandale de gouvernance»
NUCLÉAIRE L’intersyndicale CGT, CFE-CGC et FO d’EDF dénonce ce lundi « un scandale de gouvernance » entachant le projet nucléaire Hinkley Point…
Le projet nucléaire Hinkley Point est toujours autant critiqué au sein d’EDF. L’intersyndicale CGT, CFE-CGC et FO dénonce ce lundi « un scandale de gouvernance ». Elle accuse la direction de l’électricien public et l’Etat de rétention d’information et de « passage en force » concernant la validation du projet en Angleterre, pour elle « nulle et non avenue ».
Un « passage en force unique dans l’histoire d’EDF »
Le projet d’investissement dans deux réacteurs EPR sur le site d’Hinkley Point (HPC), d’un montant de plus de 20 milliards d’euros dont 15 sont financés sur les fonds propres d’EDF, n’en finit plus de générer son lot de surprises, transformant ce dossier industriel déjà hors norme en un véritable scandale de gouvernance », écrivent les trois syndicats dans un communiqué.
Il y a trois jours, le juge des référés a débouté le comité central d’entreprise (CCE) d’EDF sur sa demande de suspendre le feu vert donné par EDF au projet controversé de centrale nucléaire en Angleterre, dans l’attente d’une audience décisive au fond fin septembre.
Pour l’intersyndicale, le « feu vert » donné par le président de la République au président d’EDF de convoquer un conseil d’administration le 28 juillet, est une « provocation » et un « passage en force unique dans l’histoire d’EDF ». Lors du CA du 28 juillet, le projet avait été validé par un vote.
Pour les syndicats, la décision du CA est « nulle et non avenue » dans la mesure où l’État comme le président d’EDF n’auraient pas informé l’ensemble des membres du conseil d’administration du report de la décision britannique alors même qu’ils en étaient informés.
Une audience judiciaire a été fixée au 22 septembre pour examiner sur le fond une requête des syndicats qui contestent les conditions de leur consultation sur le projet.
Réaction du PDG d’EDF
Le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy s’est a réagi aux affirmations de l’intersyndicale. Il s’est défendu ce lundi d’avoir menti aux administrateurs de l’électricien, assurant dans un communiqué « qu’au moment où le conseil d’administration de l’entreprise s’est tenu, EDF et son président n’avaient pas connaissance de la volonté du gouvernement britannique de procéder à un nouvel examen du projet Hinkley Point ».
« Le seul élément connu le 28 juillet (…) était le report de la signature initialement envisagée le vendredi 29 juillet. Or cette possible date de signature, qui n’était pas confirmée, n’avait été, de ce fait, communiquée ni aux administrateurs, ni au marché : son report ne nécessitait donc aucune information rectificative », a-t-il ajouté.
Le bras de fer judiciaire entre les syndicats et la direction est loin d’être terminé. Le PDG compte poursuivre en justice Sud Energie pour avoir affirmé qu’il aurait « menti » à des journalistes en leur disant avoir ignoré les intentions de Londres. Le syndicat a déploré une « réaction disproportionnée », disant n’avoir fait que reprendre, dans son message interne à des salariés, des informations diffusées dans la presse.
« L’entreprise et son président poursuivront de la même manière toute personne colportant de telles contre-vérités », a ajouté le dirigeant. A la question de savoir si une éventuelle action en justice pourrait viser l’intersyndicale d’EDF, le groupe n’a pas fait de commentaire à l’AFP.