Comment la crise des «subprimes» s’est propagée à l’Europe
En deux jours, la crise qui secoue les banques américaines a contaminé l’Europe. Jamais la Banque centrale européenne n’avait été obligée d’injecter autant d’argent qu’elle ne l’a fait jeudi et vendredi. 155,85 milliards d’euros ont été nécessaires pour sauver les banques européennes de la faillite. Retour sur la propagation de la crise.
Chapitre premier: les «subprimes» américains
Aux Etats-Unis, les «subprime», ce sont les prêts hypothécaires à haut risque car accordés aux ménages à faibles revenus. Leurs taux d’intérêt dépendent de la valeur de la maison (plus la maison s’apprécie, plus les taux sont bas, car le risque est moindre) et des taux d’intérêt du marché. Comme le loyer de l’argent est resté bas et que les prix de l’immobilier n’ont fait que grimper ces dix dernières années, tout allait bien.
Or, les taux d’intérêt ont augmenté en même temps que le prix de la pierre commençait à baisser aux Etats-Unis. Les ménages se sont trouvé dans l’impossibilité de rembourser leurs dettes. Du coup, les instituts de crédit se sont retrouvés sur la paille, entraînant des pertes chez les banques qui avaient misé sur eux.
Chapitre deux: la traversée de l’Atlantique
Les banques européennes avaient elles aussi quelques billes sur le marché des «subprimes», très rentables ces dernières années. Du côté français, l’assureur Axa et le gestionnaire de fonds Oddo ont dû geler des fonds placés outre-Atlantique. En Allemagne, la banque IKB, qui avait trop placé d’œufs dans le panier américain, a été sauvée in extremis par une intervention de Berlin.
Dernière victime en date, BNP Paribas. La première banque française a dû bloquer trois fonds d’une valeur de près de deux milliards d’euros, a-t-elle annoncé jeudi matin. Deux milliards, ce n’est pas beaucoup à l’échelle de BNP Paribas, à peine 1% des fonds. Le problème, c’est que la banque avait affirmé dans un premier temps qu’elle n’était pas concernée par la crise des crédits immobiliers américains.
Chapitre trois: la crise et la bouée de sauvetage
C’est une crise de confiance. Après l’annonce de BNP Paribas, les marchés se sont crispés, jeudi matin, sur le thème: mon voisin me ment-il? Est-il contaminé lui aussi par la crise? Alors que trois milliards de dollars (2,19 milliards d'euros) ont été identifiés jusqu’à présent, les analystes estiment à 300 milliards de dollars (219,29 milliards d'euros) le montant des fonds pourris par la crise du «subprime». Et personne ne sait qui les détient. Conséquence, jeudi en fin de matinée, les banques ne veulent plus se prêter d’argent entre elles, ou alors à des taux prohibitifs.
Les banques commencent à étouffer, elles manquent de cash pour honorer leurs engagements financiers. La Banque centrale européenne décide alors d’intervenir pour éviter de voir les institutions financières tomber comme des mouches et engendrer une crise majeure. En guise de bouche-à-bouche, elle injecte, jeudi et vendredi, 155,85 milliards d’euros. Un record qui souligne l’importance de la crise. La banque fédérale américaine fait de même, suivie de celle du Royaume-Uni et du Japon. Les Banques centrales endossent le rôle de prêteur en dernier ressort, de mur ultime contre la faillite, redonnant aux banques les moyens de rembourser ce qu’elle doivent à leurs clients.
Chapitre quatre: une suite incertaine
La crise des «subprimes» a contaminé le marché du crédit dans son ensemble. Les taux d’intérêt sont à la hausse, ce qui peut freiner la consommation des ménages endettés et pénaliser les entreprises qui veulent investir.
Ensuite, les actions sont elles aussi sur la sellette, les investisseurs profitant de la crise pour vendre leur portefeuille et empocher les bénéfices. Ils craignent par ailleurs une panique généralisée chez les petits porteurs et une débandade sur le marché des actions. Cependant, seules les valeurs bancaires souffrent vraiment pour l’instant.