Epargne: Pourquoi les Français piochent-ils dans leur Livret A?

ÉPARGNE La décollecte du Livret A s'est accélérée en septembre...

Coline Clavaud-Mégevand
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Le Livret A, avant chouchou des Français, n'est plus leur préféré depuis mars 2015.
Le Livret A, avant chouchou des Français, n'est plus leur préféré depuis mars 2015. — MEIGNEUX/SIPA

Les chiffres de la Caisse des dépôts sont tombés ce mercredi octobre : en septembre, les Français ont retiré au total 3,25 milliards d’euros de leur livret A, soit le montant le plus élevé depuis le début de l’année, pour un sixième mois de décollecte (baisse des fonds gérés)… 20 Minutes se penche sur ce phénomène.

Baisse des taux, impôts, rentrée...
Pour Philippe Crevel, directeur du Cercle des Épargnants, ces retraits massifs « sont d’abord dûs à la baisse du taux du livret A, passé à 0,75 % au mois d’août ». Les Français, généralement en vacances à ce moment-là, ont attendu la rentrée pour s’occuper de leurs démarches bancaires.

De plus, le mois de septembre est traditionnellement un mauvais mois pour le livret A, avec toutes les dépenses incompressibles après les vacances : « Avec le dernier tiers des impôts à payer et les dépenses de rentrées, les Français vont piocher dans leur épargne », explique Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’OFCE.

Un phénomène à relativiser
Mathieu Plane l’affirme, « il faut relativiser le désamour » entre les Français et celui qui fut longtemps leur placement préféré. Pour lui, cette décollecte pourrait bien se prolonger jusqu’à la fin de l’année, mais elle fait suite à une période faste : durant la crise de 2008, le livret A a été une valeur refuge et le relèvement des taux en 2012-2013 a de nouveau incité la population à y déposer son épargne. La crise grecque et son lot d’inquiétudes lui ont également donné du souffle. Philippe Crevel pose la même analyse, mais estime que le livret A pourrait quand même connaître un mieux en toute fin d’année, « la période des primes »…

Le livret A se vide, le moral remonte
Relative, cette baisse pourrait même être un signe positif : « On parle en ce moment de sortie de crise », insiste Mathieu Plane, un contexte qui pousse les Français à se tourner vers des placements censés être moins sûr mais mieux rémunérés. Selon un sondage réalisé cet été par l’Ifop, 50 % des Français déclaraient en effet vouloir continuer à épargner mais en plaçant leur argent ailleurs que sur le livret A. Philippe Crevel le confirme : « Les Français se tournent actuellement vers le Plan d’Epargne Logement (PEL) mais aussi l’assurance vie ».

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De façon globale, le montant de l’épargne de la population reste stable. « Nous sommes ici sur des mécaniques rationnelles, explique Mathieu Plane, et les Français restent un peuple prudent en matière économique… ».